Quatre agences des Nations Unies ont réitéré leur confiance à l'ONDH, dans son action pour une institutionnalisation de l'évaluation des politiques publiques. Ce second partenariat s'étendra jusqu'en 2016. De gauche à droite : Aloys Kamuragiye, représentant de l'UNICEF au Maroc, Bruno Pouezat, coordonnateur résident des NU au Maroc et représentant du PNUD, Rachid Benmokhtar Benabdellah, président de l'ONDH, et Leila Rhiwi, représentant de ONU Femmes pour l'Afrique du Nord. L'Observatoire national de développement humain (ONDH) semble mettre un point d'honneur à vouloir évaluer les politiques publiques. Une entreprise de longue haleine vu le manque de coopération de ceux qui conçoivent ces politiques, mais qui a pourtant séduit quatre agences des Nations Unies venues encourager cet engagement de l'Observatoire. Un nouveau programme d'appui vient en effet d'être signé mardi dernier à Rabat entre, d'une part, l'ONDH, et de l'autre le PNUD, l'UNICEF, ONU Femmes et le FNUAP. Ce n'est pas le premier appui onusien de ce type, puisque ces mêmes agences se sont mobilisées dans ce domaine dès la création de l'Observatoire en 2008. Mesurer l'efficacité du développement humain Bruno Pouezat, coordinateur résident des Nations Unies au Maroc, explique cet intérêt pour l'évaluation des politiques publiques. « Le développement humain est le résultat de la mise en œuvre de certaines politiques publiques. Et pour pouvoir mesurer le développement humain, il faut pouvoir en mesurer l'efficacité. » Les signataires du partenariat ont clairement identifié les résultats attendus d'ici 2016. Il s'agit « d'aider l'ONDH dans sa mission de veille stratégique, d'évaluation et de mesure du développement humain, de mettre en place un réseau de partage sur le développement humain, et de développer ses capacités de communication et de plaidoyer dans ce domaine ». Ce nouvel appui bénéficiera d'une enveloppe conséquente d'un montant de 2,5 millions de dollars pour la durée 2012-2016. 1,5 million de dollars seront fournis par l'ONDH, 600 000 dollars par le PNUD, 400 000 par l'UNICEF, 150 000 par le FNUAP, et 100.000 par ONU Femmes. Entretien avec Rachid Benmokhtar Benabdellah, président de l'ONDH Le jeune Observatoire national de développement humain (ONDH) que vous présidez et qui a été créé en 2008, a « appris en marchant », selon vos dires. Qu'a-t-il appris durant ses premières années ? Il a tout d'abord appris ce qu'est l'évaluation, et la différence entre l'évaluation et le suivi. L'ONDH a surtout appris les différentes approches d'évaluation, puisque nous avons beaucoup investi dans l'utilisation des techniques les plus avancées en la matière. Nous avons appris comment lancer des enquêtes sur des panels de ménages. Cette année, nous en avons lancé un sur 8.000 ménages, ce qui est beaucoup. On va le porter à 16.000 ménages et le suivre en permanence. Nous avons également beaucoup appris des autres organismes semblables au nôtre, basés dans des pays comme le Brésil et le Mexique. L'ONDH mobilise de plus en plus des universités dans ses actions. Quels rôles auront-elles à jouer ? Elles ont ou sont en train de travailler sur un certain nombre d'études qui concernent le développement humain. Ce que l'on voudrait, c'est passer d'une phase où les universités travaillent sur des thématiques, à celle où elles vont passer à des projets. L'ONDH va se mettre d'accord avec ces universités pour qu'elles agissent au niveau de leur région. Les universités doivent devenir les relais de l'Observatoire au niveau régional. Le plus dur semble être la diffusion d'une culture de l'évaluation des politiques publiques. Pourquoi est-ce si compliqué ? Il faut la diffuser tout d'abord parce qu'elle n'existe pas au niveau national. On part du niveau zéro. L'idée est d'en faire un véritable outil de politique publique. Il faut au final que chaque programme d'action soit évalué, en fonction de ses objectifs, mais aussi en fonction de son impact. Lorsqu'on lance un programme, il y a quand même des risques, et nous ne sommes jamais sûrs que les résultats que nous allons obtenir seront ceux auxquels on aspire. Les évaluations régulières sont primordiales pour savoir que l'on va dans le bon sens ! Est-il suffisant d'avoir l'appui des agences des Nations Unies ? Ce n'est pas suffisant du tout. Mais d'un autre côté, leur importance se mesure dans leur apport au niveau de l'expertise, puisqu'elles nous aident énormément à trouver les experts adéquats. Leur apport financier également n'est pas négligeable, sans oublier la crédibilité très forte de ce type de partenariat. Maintenant, il faut aller au-delà de ce partenariat. Aller vers ceux qui font les programmes, pour les convaincre de l'importance des évaluations. Nous avons le prisme du développement humain, et c'est sur celui-là que nous nous concentrons, mais on espère que demain, les administrations, les établissements publics, commenceront à vouloir faire des évaluations, mais sur d'autres prismes. Cela permettra d'améliorer la gestion et la gouvernance globale du pays. * Tweet * * *