(Suite de la page Une) …Fidèle à sa ligne de conduite, jouer la montre, le gouvernement développe une nouvelle tactique permettant de lui faire gagner du temps. Une fois installé au ministère de la Modernisation des secteurs publics, Saâd Alami s'est réuni avec les syndicats pour «se faire connaître» et échanger des amabilités de circonstance. Concernant, la rencontre d'aujourd'hui, une source syndicale souligne que «le gouvernement de Abbas El Fassi est appelé à donner une réponse claire à nos demandes. Il ne peut en aucun cas s'abriter derrière la loi de Finances 2010 pour renvoyer la satisfaction de nos revendications à l'année prochaine. L'antécédent des agents de la Sûreté est là pour démentir ce genre de prétexte de l'équipe de Abbas El Fassi». La loi de Finances, estime notre interlocuteur, est «une question technique sujette à modifications. Idem pour les budgets des ministères qui peuvent connaître des changements au cours de l'exercice». Les syndicats partent à ce nouveau round du dialogue social, en rangs dispersés. Aucune réunion n'est affichée dans le compteur de la concertation syndicale. Ce «nouveau round» de dialogue social se déroule à un moment où la relation syndicats-gouvernement n'est guère au beau fixe. Les points de discorde entre les deux parties ne se comptent plus. Les syndicats reprochent notamment à l'équipe de Abbas El Fassi et le non-respect des engagements pris lors du lancement du dialogue social en avril 2008 et la prise de décision de façon unilatérale. Preuve en est les craintes manifestes de certains représentants des centrales que le gouvernement ne substitue l'augmentation des salaires par la révision de la grille des salaires. Une restructuration afin d'établir un certain équilibre entre les indemnités qui constituent actuellement 70% de la fiche de paie des fonctionnaires et le salaire de base. Le projet de révision de la grille a été lancé en 2008 par Mohammed Abbou alors ministre de la Modernisation des secteurs publics et confié à un bureau d'étude. Lors de la rencontre datant du 1er mars dernier entre Saâd Alami, le successeur de Abbou, et les syndicats, le ministre istiqlalien a annoncé que les résultats de l'étude seront connus avant la fin de cette année. «La révision de la grille des salaires ne signifie pas automatiquement augmentation des salaires. C'est la raison de notre revendication pour une valorisation des agents de la Fonction publique. C'est une demande pressante de la part des syndicats afin de dissiper un petit peu la tension ambiante. Outre les mouvements de grève ouverts dans plusieurs secteurs, on a constaté la multiplication des marches populaires, un fait d'une gravité extrême pour le maintien de la paix sociale», déclare Saïd Sefsafi, de l'Union syndicale des fonctionnaires (USF) affilié à l'UMT. Les syndicats partent à ce nouveau round du dialogue social, en rangs dispersés. Aucune réunion n'est affichée dans le compteur de la concertation syndicale. En revanche, ils prévoient un rendez-vous la semaine prochaine avec le Premier ministre, Abbas El Fassi afin d'évaluer la rencontre de ce jeudi. Gouvernement-Syndicats L'An III du dialogue social Le dialogue social entame sa troisième année. Ce processus a été lancé en avril 2008, avec des objectifs clairs et des ambitions bien affichées. Deux commissions ont été mises en place : la première concerne la Fonction publique alors que la seconde est réservée aux salariés du privé. Si l'agenda de la première, en dépit des nombreux problèmes, parvient à maintenir un certain nombre de rencontres, c'est loin d'être le cas de la commission du privé qui, selon les dires de certains syndicalistes, ne s'est jamais réunie. Pour le public, «deux réunions ont eu lieu sans grands résultats», estime Mohamed Yatim, le secrétaire général de l'Union nationale du travail au Maroc (UNMT). Les rounds se succèdent sans aucune revalorisation des salaires des agents de la Fonction publique et sans que les promotions exceptionnelles ne deviennent effectives. «Alors nous sommes obligés d'observer des grèves afin que le gouvernement daigne répondre à nos revendications. Preuve en est la grève générale du 3 mars dernier que nous avons menée avec les autres syndicats», explique Mohamed Yatim.