A travers cette entrevue, Zouheir Chorfi, directeur général de l'Administration des douanes et des impôts indirects (ADII), revient sur la nécessité de contrôler davantage les douanes et partage avec nous les efforts consentis par l'ADII sur le volet formation. Face la demande africaine accrue en formation, Zouheir Chorfi, le patron d'ADII, envisage de créer un centre international de formation à Rabat. Comment se présentent les dernières statistiques des recettes des douanes et des impôts directs ? Nous sommes à 41 milliards de dirhams de recettes collectées par l'Administration des douanes sur le premier semestre. Donc, à fin juin, on peut dire que globalement les recettes douanières sont en ligne avec ce que prévoyait la Loi de Finances 2012. Nous aurons même un léger excédent par rapport à la prévision. Tout en sachant que 2012 est une année où le démantèlement tarifaire avec l'UE est devenu une réalité et où nous gérons certaines difficultés liées au contexte actuel avec un ralentissement de la croissance en Europe. Mais globalement nous avons, à côté d'une évolution tendancielle, renforcé un certain nombre d'opérations de contrôle pour lutter contre la sous-facturation, les minorations de valeur ou des détournements de règles d'origine. Ces opérations ont porté aujourd'hui leurs fruits. Quel est votre plan d'action pour contrôler et lutter efficacement contre les fraudes commises par certains opérateurs économiques ? Notre plan d'action est multiple et sera mis en place de manière concertée avec le secteur privé. Nous avons comme principale priorité la protection de l'économie. Il n'est pas question de fragiliser un certain nombre d'activités économiques. De ce fait, nous examinons aujourd'hui avec plus de rigueur les déclarations faites du point de vue des valeurs, des quantités, et des règles d'origine pour qu'il n'y ait plus de marchandises qui viennent d'autres régions du monde, passent par l'Europe et ont une origine européenne alors qu'elle n'est pas réelle. C'est un plan d'action sur lequel je vais revenir et communiquer prochainement, y compris sur la stratégie de la douane qui est aujourd'hui une réalité. À ce propos, quel est l'état d'avancement de la stratégie mise en place par l'Ad ministration des douanes ? Nous avons une stratégie à l'horizon 2015 avec 44 projets qui sont aujourd'hui à un stade plus ou moins avancé de réalisation, avec des chefs de projet qui les pilotent. Comme pour notre plan d'action, il y aura, dans les semaines qui viennent, une communication globale sur l'action douanière et où nous pourrons bien détailler l'état d'avancement de nos différents projets et notre plan d'action. L'objectif est de rendre nos services plus rigoureux en termes de contrôle, sans se détacher de notre mission d'accompagnateur et de facilitateur en faveur des opérateurs économiques marocains. Vous avez récemment présidé, au siège de l'ADII à Rabat, la cérémonie de remises de diplômes des inspecteurs-élèves issus de pays africains qui ont bénéficié d'une formation au sein du centre de formation douanière. Pourriez-vous nous donner des précisions par rapport à ce volet formation destiné aux pays africains? Effectivement, l'événement du jeudi 5 juillet a concerné une cérémonie de remises des diplômes au profit d'un certain nombre de collègues douaniers africains. Cette formation a regroupé des douaniers d'une dizaine de pays africains en plus de Haïti. C'est désormais une tradition au niveau de la douane marocaine que de former chaque année près de 40 douaniers africains. Ce sont souvent des collègues qui sont amenés à assumer des responsabilités importantes. J'ai eu le plaisir de savoir qu'au niveau des pays africains, un responsable sur deux a été formé au Maroc. Plusieurs directeurs généraux des douanes de certains pays africains ont aussi été formés au Maroc. Ces formations rencontrent-elles un succès croissant auprès des pays africains? Nous avons une demande importante. Toutefois, il convient de signaler qu'ils reçoivent beaucoup de formations d'autres pays mais qu'ils tiennent surtout à celle du Maroc parce qu'ils reçoivent des formations adaptées aux spécificités et au contexte de leurs pays. Aujourd'hui, nous avons une difficulté à répondre à l'ensemble de la demande, d'où cette réflexion de créer à Rabat un centre de formation international. Qu'en est-il de la formation des cadres de l'ADII. Sera-t-elle revue à la hausse ? Aujourd'hui, la douane forme d'abord ses propres cadres. Jusqu'à présent, nous recrutons de 100 à 150 cadres par an et compte tenu de nos besoins et du développement de l'économie nationale, il faudrait à l'avenir passer à des recrutements avoisinant les 350 ou 400 personnes par an. Donc nous avons déjà un besoin important pour combler nos propres besoins. Il faut savoir que le métier de douanier est un métier complexe et qu'il faut au moins une formation de 12 mois pour former un bon douanier. À côté de cette formation pour notre propre compte, l'idée aujourd'hui est d'arriver à un niveau de 100 cadres africains par an. Ce serait une manière pour nous de contribuer et de donner un contenu plus concret à cette coopération Sud-Sud sachant qu'aujourd'hui pour le Maroc, l'Afrique est une dimension essentielle y compris du point de vue de notre progression économique dans l'avenir. 726 Africains formés par l'ADII Pour la 13e année consécutive, l'ADII a organisé au centre de formation douanière (CFD) de Casablanca du 10 octobre 2011 au 5 juillet 2012, un cycle international de formation de base au profit des inspecteurs-élèves appartenant aux administrations douanières de certains pays africains, pour leur majorité, et ce, en collaboration avec l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI). Cette année, le cycle a enregistré la participation de 27 inspecteurs-élèves représentant 10 pays africains et la République d'Haïti. La contribution du CFD à la formation des cadres douaniers appartenant à des administrations africaines remonte à 1978. Le centre a ainsi formé à ce jour 726 cadres douaniers étrangers.