À en croire des unes de presse parfois sensationnelles, le parti de l'Istiqlal serait au bord de l'implosion. Pourtant, certains n'y voient finalement qu'une petite guerre de clans. Le Congrès de l'Istiqlal, organisé le week-end dernier à Rabat, a été marqué par plusieurs incidents dont la sortie fracassante du ministre Mohamed El Ouafa. «Crise existentielle pour l'Istiqlal », « Abbas El Fassi s'enfuit du Congrès de l'Istiqlal ». Face à ces « unes » de presse prêtant facilement au catastrophisme, l'on croit que l'Istiqlal vivrait ces derniers jours d'unité. Le Secrétaire général sortant de l'Istiqlal, Abbas El Fassi, a quant à lui, exhorté les militants « à faire face aux tentatives visant à affaiblir le parti », car selon lui, « le parti de l'Istiqlal est demeuré constamment uni, homogène et attaché aux constantes défendues par les pionniers ». Le mot a été lancé, l'unité et l'homogénéité du parti seraient donc en danger, à en croire l'ex-Premier ministre. Face à cette situation qualifiée de crise par certains médias et observateurs, on pourrait craindre le pire pour l'avenir de la cohésion gouvernementale. Abdelaziz Aftati, député PJD et donc allié de l'Istiqlal, admet pour sa part que « la situation dans laquelle se trouve le parti historique peut être qualifiée de difficile car non ordinaire ». Mais le PJDiste conteste le fait que la cohésion gouvernementale soit affectée. Même constat de la part du politologue Youssef Belal pour qui, « il n y aura pas de changement quel que soit le nouveau Secrétaire général du PI ». Une histoire de familles Alors pourquoi tant de grabuges ? Pour ce politologue, il s'agirait, comme d'habitude, d'une « lutte de clans à travers les intérêts ». « Aucun des deux candidats au poste de Secrétaire général n'apporte un renouveau idéologique, la situation actuelle est plutôt liée au positionnement de tel ou tel clan, et de leur composition sociologique », souligne Belal avant d'ajouter qu' « au fond, ça reste une histoire de familles ». Vu les sorties quelque peu populistes d'un homme politique tel que Hamid Chabat, un des deux prétendants au leadership de l'Istiqlal, l'on se demanderait si la cohabitation de deux forts caractères, Benkirane d'un côté et Chabat de l'autre, pourrait se faire sans incidence. « Chabat n'est pas suicidaire. Il sait très bien ce qu'il fait », répond à ce sujet Youssef Belal, qui ajoute que le maire de Fès a choisi de se porter candidat pour défendre ses propres intérêts, « compte tenu des poursuites judiciaires qui accablent ses deux fils, mais certainement pas pour des raisons carriéristes ». Finalement, l'enjeu, selon le politologue, « c'est de permettre à la machine clientéliste de continuer à fonctionner. L'Istiqlal ne peut avoir que des dirigeants qui permettent à ce mode de fonctionnement de continuer. Comme cela l'a été depuis les début des années 60 ». Sombre tableau ! * Tweet * * *