Mohamed Najib Boulif a provoqué la colère des députés, lundi, au cours de la séance des questions orales de la Chambre des représentants, lorsqu'il a estimé que la décision du gouvernement d'augmenter les prix du carburant vise à empêcher « le train de dérailler ». [Mohamed-Najib-Boulif] Boulif : « Nos réformes ont un coût sur notre popularité, mais l'essentiel pour le gouvernement est de pallier aux défaillances de la gestion par une audace politique ». Sur les rails, le train du gouvernement de Benkirane semble avoir retrouvé son chemin. C'est en tout cas ce dont est convaincu le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, qui a assimilé la gestion du gouvernement sortant à « un train qui avait déraillé depuis bien longtemps » au point où « les moyens de gestion étaient devenus fragiles ». Pour le ministre, il n'y a aucun doute que « la politique du nouveau gouvernement dans la gestion de la chose publique vise à remettre le train (de la gestion) sur les rails parce qu'il avait déraillé ces dernières années. D'ailleurs, nous ferons le nécessaire pour accélérer le traitement de certains dossiers comme celui de la CNSS, de l'ONDA ou encore de l'enseignement supérieur ». C'est ainsi que Mohamed Najib Boulif répond aux interrogations des députés, lundi 11 juin, au cours de la séance hebdomadaire des questions orales, lorsqu'ils lui demandent des explications « convaincantes » sur la hausse des prix du carburant. L'impôt sur l'erreur Face aux esprits exaspérés des parlementaires, le ministre soutient la décision du gouvernement qu'il défend haut et fort. «Nous aurions pu compenser le manque en diminuant le budget alloué à l'investissement sans même en aviser qui que ce soit. Mais nous ne l'avons pas fait par conviction de l'importance de l'investissement dont le budget de 188 milliards de dirhams reste donc intact », tient-il à souligner, précisant que les arriérés de la caisse de compensation légués par l'ancien gouvernement s'élèvent à quelques 14 milliards de dirhams. « Nos réformes ont un coût sur notre popularité, mais l'essentiel pour le gouvernement est de pallier aux défaillances de la gestion par une audace politique », affirme Boulif. En somme, c'est un impôt sur les erreurs du passé que les citoyens seront amenés à payer pour redresser la pente du gouvernement. Et à l'exemple d'un match de football, le ministre assimile l'action du gouvernement de « tactique pour la défense » des intérêts du Maroc. « Le nouveau gouvernement démarre avec un déficit de 6,1 % et si nous avions continué sur la voie de nos prédécesseurs, ce chiffre aurait atteint 8 % », précise le ministre soulignant que l'augmentation du prix du carburant permettra d'injecter 5 MMDH à la caisse de compensation. Un montant similaire sera économisé sur les dépenses de la gestion des structures publiques par le moyen de la gouvernance mais aussi grâce aux impôts. Le PJD sacrifie ses promesses, pour le moment. « Ce serait le comble si nous augmentions les salaires ! » s'exclame le ministre annonçant que d'autres augmentations sont prévues notamment sur le litre du lait (+1,7%) afin d'éviter des crises à l'égale de ce qui se passe en Espagne ou en Grèce. « Dans ce pays, ils ont opté pour la baisse des salaires, nous ne voulons pas le faire », prévient-il. Cause à effet Tout de suite après la hausse du prix du carburant, les prix des tickets dans le transport urbain, bus et grands taxis, ont suivi la même tendance. « Le prix du carburant au Maroc reste minime par rapport à d'autres pays notamment les producteurs, de pétrole », signale-t-il, rappelant que l'Etat continue à subventionner le prix d'achat du carburant à hauteur de 3 DH le litre pour le gasoil et celui du fuel industriel à 2 000 DH la tonne. Pour le ministre, l'intolérable est de constater l'augmentation injustifiée des tickets de transport et de certains produits alimentaires sur le marché. « C'est de la spéculation ni plus ni moins dont le but est d'envenimer la crise sociale », estime Boulif. « Nous sommes en dialogue avec les parties concernées, notamment les transporteurs afin de traiter le problème », ajoute-t-il. Pour le moment, il semble que la hausse des prix du transport dépasse de loin l'impact réel de celle du carburant. A titre d'exemple, le ministre assure que le grand taxi reliant Salé à Rabat ne devrait rajouter à son prix que 15 centimes. Et de soutenir que « La gestion de l'augmentation de la hausse du prix du carburant est le vrai problème qui se pose ». * Tweet * * *