Lors de la réunion du Comité national de l'environnement des affaires (CNEA), mardi dernier à Rabat, la nouvelle patronne des patrons, Meriem Bensalah Chaqroun, était on ne peut plus pragmatique. Pour elle, le mot d'ordre est le pragmatisme. L'heure n'est plus donc aux effets d'annonce. La présidente de la CGEM a précisé que le gouvernement Benkirane est tenu à une obligation de résultats faisant référence au plan d'action 2012. Le pragmatisme semble retrouver ses lettres de noblesse avec l'avènement de Meriem Bensalah Chaqroun, élue dernièrement à la tête de la confédération patronale. La patronne des patrons, ayant animé conjointement avec le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, un point de presse, mardi dernier à Rabat, à l'issue de la réunion du Comité national de l'environnement des affaires (CNEA), a précisé que le gouvernement Benkirane est tenu à une obligation de résultats faisant référence au plan d'action 2012 de ce comité (cf.www.lesoir-echos.com). À en croire Bensalah, l'heure n'est plus donc aux effets d'annonce. D'ailleurs une commission climat des affaires sera créée, fruit d'un partenariat entre le gouvernement et la CGEM, pour venir en appui au CNEA. Une instance de suivi et d'évaluation des mesures annoncées verra également le jour. 2012, une année de transition Tout cela pour dire que les choses sérieuses ont commencé, bien que 2012 reste par excellence une année transitoire. Loin de marquer une rupture avec les donnes du climat des affaires qui règne jusqu'à présent, l'esprit du plan d'action 2012 vise, selon Boulif, à capitaliser sur l'existant. Contacté par le Soir échos, l'économiste Mohamed Chiguer affirme que le point fiable des islamistes au pouvoir allant de l'Egypte et jusqu'au Maroc c'est le volet économique. Certes les réformes et les actions prévues dans le cadre du CNEA sont nécessaires. Mais, il faut le dire, le Maroc n'a pas encore une véritable stratégie, voire une vision à long terme pour qu'il puisse attirer vers lui les flux des investissements directs étrangers (IDE). Chiffres à l'appui, le continent africain n'arrive à drainer que 4 % du total des flux mondiaux dont 2 % sont accaparés par l'Afrique du sud. Plus encore, comment pourrait-on imaginer des réformes alors que les vrais problèmes sont ailleurs. Sachant que plus du tiers de l'économie tourne à la marge. Et c'est là où réside le vrai défi. La nécessaire refonte de l'économie nationale Toute la question, aux yeux de l'économiste, est de savoir comment élargir l'informel vers le formel. « On parle de loi sur la concurrence. Ce texte juridique est-il en mesure de mettre un terme à la concurrence déloyale de ce pan de l'économie souterraine ? », se demande-t-il. Toujours sur le chapitre de la concurrence, l'essentiel de la structure de l'économie nationale est composé de monopoles et d'ententes, ajoute-t-il. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Chiguer les illustre par le secteur bancaire à travers son groupement (GPBM), le secteur sucrier ou encore celui de l'eau et de l'électricité pour ne citer que ces cas. À ses yeux, le gouvernement islamiste est incapable d'instaurer la régulation du marché et d'assurer le libre jeu de la concurrence. Allant jusqu'à se poser la question sur la raison d'être du conseil de la concurrence. Ce « réalisme » l'emmène jusqu'à mettre en cause la réforme de loi bancaire en vue. « C'est la énième réforme dont on parle depuis 1993. Plus encore, les banques marocaines ont acquis un statut universel. C'est ce qui représente d'ailleurs un grand risque. Alors que nous avons besoin de banques spécialisées dans bien d'activités (agriculture, BTP, investissements…) », analyse-t-il. Sur ce chapitre, Bensaleh a promis la facilitation de l'accès des PME au financement. Chiguer pense enfin qu'il ne s'agit là que d'un effet d'annonces. « Les banques exercent principalement une activité commerciale et ne s'intéressent pas aux intérêts du pays. Si vous présentiez un dossier qui respecte leurs exigences, vous aurez sans doute une suite favorable à votre demande », explique-t-il. * Tweet * * *