La grève nationale décrétée par les syndicats (UNTM, UGTM, CDT et FDT), jeudi 17 mai, a paralysé l'activité dans le secteur de la santé. Ces centrales syndicales exigent la libération des infirmières accusées de corruption et incarcérées dans la prison de Mohammedia. Soupçonneux, les responsables de la maison d'accouchement de Aïn Harrouda ont alerté le ministère de la Santé et la gendarmerie. Le jeudi 17 mai a été décrété jour de grève nationale dans le secteur de la santé par les grandes centrales syndicales les plus représentatives à savoir l'UNTM, l'UGTM, la CDT et la FDT. « L'activité dans tous les hôpitaux du pays, les centres hospitaliers universitaires, les services de santé…a été paralysée à l'exception des services d'urgence et de réanimation. Presque tous les centres de santé ont fermé leurs portes. C'est le blocage total ». Les propos sont de Mostafa Chanaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé, affilié à la CDT (Confédération démocratique du travail), qui se félicite de cette action de protestation contre « la démesure avec laquelle a été instruite l'affaire des deux infirmières, accusées de corruption, incarcérées depuis près d'un mois dans la prison de Mohammedia sans preuves tangibles de leur implication ». « La méthode utilisée dans cette affaire est tellement disproportionnée. Elles sont détenues dans une prison depuis près d'un mois alors que l'enquête est toujours en cours. Le jugement n'a pas été encore prononcé. Pis encore. Il n'y a aucune preuve qui confirme que les deux infirmières ont reçu des pots-de-vin. Leur arrestation est basée sur les propos des deux femmes et du mari de l'une d'elles accusée d'usurpation d'identité. Ces derniers ont des antécédents judiciaires et donc ne sont pas crédibles », s'indigne Mostafa Chanaoui, qui réclame la libération de ces deux professionnelles de la santé. « Si elles sont coupables, elles seront punies pour le délit qu'elles ont commises. Mais tant qu'il n'y a aucune preuve, il est insensé de les garder en prison », poursuit-il. Pour rappel, l'affaire a éclaté quand un homme et sa femme voulaient inscrire leur nouveau-né sur le registre de l'état civil. Le fonctionnaire de l'état civil découvre à sa grande surprise que la femme a accouché d'un autre bébé il y a à peine quatre mois. Ce qui lui a mis la puce à l'oreille. Impossible que la même personne donne naissance à deux bébés à un intervalle si court. Pour tirer l'affaire au clair, il s'adresse à la maison d'accouchement de Aïn Harrouda, où la femme a accouché. L'équipe médicale a mené sa propre enquête en interne. Après investigations, il s'est avéré que le nom de la même personne a été enregistré à deux reprises. Les responsables de la maison d'accouchement de Aïn Harrouda décident alors d'aviser le délégué du ministère de la Santé et la gendarmerie pour l'ouverture d'une enquête. Antécédents judiciaires Les enquêteurs ont découvert que la femme qui a accouché la première fois est une mère célibataire et avait des antécédents judiciaires. Elle a été arrêtée à maintes reprises pour prostitution. Elle a usurpé l'identité de sa sœur avec son propre consentement. Sa sœur accouche comme par hasard dans le même centre de santé. Son mari est également impliqué dans cette affaire puisqu'il les a aidées et d'ailleurs c'est lui qui a accompagné la sœur de sa femme pour inscrire son bébé sur le registre de l'état civil. Son casier judiciaire n'est pas vierge. Il a des antécédents judiciaires et est poursuivi actuellement pour trafic de drogue. La gendarmerie auditionne les deux infirmières sages-femmes. « Au lieu de soumettre l'affaire à la justice, le parquet a ordonné leur arrestation car les deux sœurs ont déclaré que les infirmières ont reçu de l'argent pour inscrire le nom du bébé et de la mère sur le registre des admissions du centre de santé », déplorent dans un communiqué commun les quatre syndicats, qui réitèrent leur soutien indéfectible aux deux accusées. Selon Mostafa chanaoui, il n'y a aucune circulaire ni loi qui impose au personnel de santé d'exiger la carte d'identité lors de l'accouchement. « Après l'accouchement, le personnel de santé demande à la femme son nom et l'inscrit. Ce n'est qu'au niveau du bureau de l'état civil qu'on exige la carte d'identité. L'Etat veut faire des professionnels de la santé des boucs émissaires. Ni les médecines, ni les infirmiers…ne sont responsables des défaillances de notre système de santé. Que le ministère de la Santé et les parties concernées assument leurs responsabilités », martèlent les centrales syndicales. Ces dernières exigent la libération des deux infirmières. Pour faire entendre leurs voix, elles mènent depuis le 15 mai dernier une grève illimitée dans le secteur de la santé dans la province de Mohammedia. * Tweet * * *