Plus d'une semaine après l'annonce d'ouverture de l'enquête sur le «changement d'itinéraire de l'autoroute au sud-ouest de Casablanca», rien ne filtre sur le dossier. Secret de l'enquête judiciaire oblige. Pour l'heure, aucune des personnes citées comme éventuellement impliquées dans l'affaire n'a été entendue. Certains observateurs estiment néanmoins que le dossier a peu de chances d'avancer, compte tenu de l'absence de décision signée par les responsables départementaux concernés pour réaliser le projet avec un changement d'itinéraire de la voie expresse et donc l'inexistence matérielle du «délit» ou fait reproché. Contacté par nos soins un juriste a réagi aux propos de Tarik Sbaï rapportés dans l'édition de mardi, et nous a affirmé que «hormis les us et coutumes, rien n'interdit au Procureur de demander à écouter un ministre dans une enquête ou une affaire donnée pour écouter sa version des faits». D'autant plus que dans cette affaire, le ministère de l'Equipement n'est pas plus impliqué que les autres administrations dans la gestion de ce projet. Cette affaire remonte à la mi-décembre. Toute la presse s'est fait l'écho d'une déviation du tracé de l'autoroute de contournement de Casablanca. Manœuvre dont l'objectif était de faire intégrer dans le périmètre urbain un terrain que l'ancien Premier ministre, Driss Jettou, avait manifesté l'intention d'acquérir. A l'époque, Abdelwahed Radi, alors ministre de la Justice, n'avait pas jugé bon de s'en saisir. Début janvier, les départements de l'Intérieur et de la Justice changent de tête. L'affaire revient au devant de l'actualité. Le 23 mars, un communiqué du ministère de la Justice annonce que «le Parquet près la Cour d'appel de Casablanca a ordonné une enquête sur les circonstances du changement d'itinéraire de l'autoroute au sud-ouest de Casablanca destiné à intégrer un bien foncier dans le périmètre urbain». Des sources proches du dossier affirment que l'enquête a été ouverte sur décision du ministre de la Justice sur la base d'un rapport qui lui a été communiqué par les services du département de Cherkaoui. Ce qui fait dire à certains observateurs que ce dossier, réactivé par les deux nouveaux ministres, «est parti pour aller jusqu'au bout».