C'est une première au Maroc. Jeudi dernier, au musée de la Fondation Abderrahmane Slaoui à Casablanca, l'Institut français a présenté l'intégralité de l'œuvre de Gabriel Veyre. Des photographies et des films inédits sur le Maroc de 1906 à 1936. Aperçu. Gabriel Veyer, autoportrait, 1935. Inaugurant son ouverture officielle jeudi dernier, à l'occasion de l'exposition Gabriel Veyre, le musée de la Fondation Abderrahmane Slaoui a comme pour ultime but de mettre en valeur la passion de cet artiste- collectionneur qui a donné son nom au Musée. « C'est la première fois que l'œuvre intégrale de Gabriel Veyre est présentée au Maroc dans le musée de la Fondation Abderrahmane Slaoui. Ce sont des trésors de la France qui appartiennent au Maroc. Gabriel Veyre a vécu ici de 1901 à 1936. Il n'y a jamais de hasard, puisqu'il vivait dans la rue voisine, celle qui est juste en face de la cathédrale et qui s'appelle la rue du Docteur Veyre, comme l'appelait les Marocains de l'époque. », nous raconte Patrice Armengau, directeur de l'Institut français. Gabriel Veyre a été opérateur des frères Lumière pour propager leur nouvelle invention, le cinématographe. Aussi, il fréquenta intimement le sultan Moulay Abdelaziz qui adulait la photographie. Dans l'intimité du Maroc L'auteur n'aurait pas pu mourir en paix s'il n'avait pas réalisé une séquence de photographies nostalgiques, « Dans l'intimité du Maroc ». En 1935, Gabriel Veyre a fait un tour au niveau de tout le pays et a tenté de prendre en photo le quotidien des gens. « Gabriel Veyre est le premier à avoir fixé les couleurs au Maroc sur une plaque autochrome en 1908 et devient l'un des plus fervents ambassadeurs. Dans ses photographies, il a essayé de s'éloigner de l'esprit orientaliste qui régnait à l'époque, c'est-à-dire qu'il montrait le Maroc tel qu'il était sans mettre de touche orientaliste, très chère jadis, au colonialiste. », nous explique Abdellatif Faouzi, professeur et médiateur culturel de l'exposition. Moulay Abdelaziz, premier photographe marocain L'exposition a notamment pour but de réconcilier la mémoire des Marocains avec leur histoire via l'art. « Gabriel Veyre était précurseur dans pas mal de domaines. C'est grâce à lui qu'il y a eu l'introduction des premières voitures Ford au Maroc en plus des minoteries, il a même initié la culture des animaux de basse cour. Dans la photographie c'était quelqu'un de très naturel et de très spontané, il n'avait pas de cliché sur les clichés qu'il photographiait», nous raconte Younes Chaoui, médiateur de l'Institut français de Casablanca. Venu initialement au Maroc en 1901 jusqu'en 1936, Gabriel Veyre était aussi le photographe officiel du palais. Âgé de 20 ans à peine quand Gabriel Veyre atterrit au palais impérial de Marrakech pour enseigner au sultan la photographie, un laboratoire est aussitôt construit dans la cour des amusements. « Il était devenu d'une rare habilité », avait témoigné Veyre dans ses écrits. Et d'enchaîner : « Le sultan était un photographe amateur éclairé. Je lui enseignais le procédé à trois couleurs et quand il en fut maître, il passa de longues heures, enfermé dans son harem à photographier ses femmes, car au fond, c'était bien là son ambition que de fixer leurs traits».