Défense du droit de grève, déception vis-à-vis du gouvernement, et soutien à la Palestine ont été les principaux thèmes abordé à Casablanca pour célébrer la fête du travail. À peine 100 jours depuis la formation du gouvernement Benkirane, celui-ci s'est déjà mis à dos les principaux syndicats. Les rues de Casablanca étaient occupées par les travailleurs le temps d'une journée. L'UMT et la CDT ont tenu leurs meetings au centre-ville alors que les autres syndicats ont choisi les autres quartiers de la métropole. En haut, le leader de la CDT saluant les travailleurs. En bas, le SG de l'UMT avec plusieurs invités du monde politique. Il n'est que 9 heures du matin lorsque bus, minibus et camionnettes déversent, sous un ciel clément, les travailleurs devant le siège de l'Union marocaine du travail (UMT), avenue des FAR à Casablanca. Les différentes antennes de la plus vieille centrale syndicale du Maroc ont mobilisé différents salariés provenant de toutes sortes de sociétés ce jour-là. Des centaines d'employés des entreprises agro-alimentaires, des régies d'eau et d'électricité, et même des dockers du port de Casablanca s'amassaient devant l'immeuble de 10 étages de la centrale. Objectif, assister aux célébrations du 1er mai, qui se déroulent, comme tous les ans, place Zellaqa. Banderoles à même le sol, des hommes munis de leur gilets bleus estampillés UMT se chargeaient de les porter au fur et à mesure que la foule prenait du volume; une foule composée de femmes et d'hommes, de jeunes et de moins jeunes. L'ambiance est festive, l'on aperçoit des fanfares marcher à côté du cortège en direction de la place où est déjà installé le pupitre, en plein milieu du rond-point Zellaqa. Au bord du rond-point est mise en place une tribune, sur laquelle des prestigieux invités allaient prendre place. La CDT et la « gauche unie » : même combat Autre décor, autre objectif et autre ambiance que l'on observe, cette fois place du 20 août à Derb Omar, à deux pas du siège de la Confédération démocratique du travail (CDT), l'autre grand syndicat. Moins nombreuse, la foule n'est pas pour autant moins enthousiaste. Quelques 2 000 à 3 000 personnes étaient regroupées devant une tribune, presque identique à celle de l'UMT. Mohamed Akhrmiss, membre du comité exécutif de la CDT, prenait la parole en commençant par saluer les « travailleurs » présents lors du rassemblement. Akhmiss s'est ensuite attelé à réitérer les principales revendications du syndicat : respect du droit des travailleurs, du droit de grève, de la parité hommes-femmes, etc. Le représentant syndical n'oublie pas non plus de saluer « les jeunes du 20 février », regrettant que « les syndicats n'aient pas suffisamment participé à la lutte pour la démocratie en 2011 ». Amer, Akhmiss s'emporte ensuite contre le processus de réforme, la Constitution, et le gouvernement Benkirane, qualifié d' « incohérent ». Son allocution terminée sous des applaudissements nourris, ce sont les autres membres du comité exécutif de la CDT qui prennent place sur la tribune. La CDT n'oublie visiblement pas d'inviter ses amis de la « gauche unie », puisque des personnalités de la gauche contestataire, dont Nabila Mounib, Secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU), étaient présents. Rappelons que la CDT n'a jamais caché ses penchants idéologiques pour la gauche. Amaoui critique le gouvernement En plein milieu de la tribune, juste derrière le pupitre, c'est l'infatigable Noubir Amaoui qui s'apprêtait à prendre la parole. L'ancien leader de la révolte du pain (Casablanca 1981), bien que visiblement usé, s'est bien plié à son devoir de Secrétaire général de la CDT, en s'adressant pas moins d'une demi-heure à la foule. Sous le thème « la démocratie est la solution », Amaoui s'est lâché contre les réformes entreprises l'année écoulée, car jugées insuffisantes. « Le Maroc a raté une occasion en or, celle d'une réforme profonde et globale dans un environnement international et arabe qui l'exigent », lance-t-il à ses admirateurs qui n'ont cessé de scander son nom. Concernant les législatives et le gouvernement qui a découlé du scrutin, Amaoui n'en est pas moins tendre. Tout en se questionnant sur ses capacités à combattre la corruption et l'économie de rente, Amaoui a aussitôt donné comme preuve de son incapacité, les différentes manifestations qui ont été « réprimées » selon lui, par le nouveau gouvernement. Dans le volet social, le leader syndical estime que Benkirane « n'a pas tenu la promesse de sa première rencontre avec la CDT », et dans laquelle il assurait la participation de tous les acteurs sociaux dans le dialogue social. « Bien appliquer la Constitution » À 11 heures, le rond-point Zellaga est bloqué et la tribune est pleine. Salaheddine Mezouar du RNI, trois ministres PPS : Nabil Benabdallah, Mohammed Amine Sbihi et El Hossein El Ouardi, et des invités étrangers, comme ce représentant syndical koweïtien, détaché de l'ambassade du Koweït au Maroc, ont tous pris place à la tribune. Miloud Moukharik s'est lui, déjà exprimé. Le Secrétaire général de l'UMT s'en est lui aussi pris au gouvernement. Selon lui, le gouvernement « s'est incliné devant le capitalisme qui ne cesse d'attaquer les libertés syndicales », ajoutant que le dialogue social entamé par le cabinet Benkirane « était vidé de tout contenu positif ». Mais contrairement à Amaoui, Moukharik s'est gardé de critiquer les récentes réformes. Selon lui, le temps « est à la bonne application de la nouvelle Constitution ».