Comme notre économie dépend étroitement du secteur agricole, la sécheresse observée le premier trimestre de cette année mettra à mal la croissance de 2012. C'est ce qu'a rappelé la banque centrale dans sa dernière revue économique et monétaire du mois d'avril. « Le démarrage de la campagne céréalière a été caractérisé par une période d'absence quasi généralisée de précipitations depuis la première décade de février, ramenant le déficit pluviométrique à 54 % au 31 mars. Cette situation s'est traduite par une détérioration du couvert végétal dans plusieurs régions agricoles importantes », note Bank Al-Maghrib. Le secteur du tourisme en perte de vitesse Pour les activités non agricoles, si le BTP confirme la poursuite de sa dynamisation, le secteur minier, lui, ne semble pas être en forme. « La production marchande de phosphates a baissé de 12,5 % et celle de l'acide phosphorique et des engrais a reculé respectivement de 30 % et de 4 %. Parallèlement, les exportations en volume du phosphate brut et des engrais ont quasiment stagné et celles de l'acide phosphorique ont reculé de 35 % », nous fait savoir la banque centrale. Même constat pour le secteur du tourisme. Outre le ralentissement du rythme de progression des recettes de voyages, les autres indicateurs portant sur le mois de février ont affiché des évolutions défavorables. Le flux touristique a accusé une baisse de 7 % et les nuitées, recensées par les établissements classés, de 12%. Le taux d'occupation à l'échelle nationale s'est ainsi établi à 34 % contre 40 % en février 2011. Les dépenses de compensation crèvent le plafond Concernant les finances publiques, les deux premiers mois de l'exercice 2012 font ressortir un déficit budgétaire de 11,3 milliards de dirhams, en amélioration de 2,1 milliards de dirhams comparativement à fin février 2011. Cette situation reflète l'accroissement de 9,7 % des recettes ordinaires, tiré essentiellement par les rentrées fiscales, ainsi que le recul de 2,9 % des dépenses globales. Par grandes catégories, les dépenses d'investissement se sont contractées de 4,1 milliards de dirhams et celles au titre des autres biens et services de 2,8 milliards de dirhams. En revanche, les charges de compensation, d'un montant de 9,7 milliards de dirhams, ont progressé de 2,7 milliards, tandis que la masse salariale a augmenté de 13,3 %. Besoins de liquidités des banques En mars 2012, et comparativement au mois précédent, les facteurs autonomes de liquidité bancaire ont exercé un impact restrictif de 4,3 milliards de dirhams sur les trésoreries bancaires, en liaison essentiellement avec la baisse des avoirs extérieurs nets de Bank Al-Maghrib. Compte tenu de l'évolution des facteurs autonomes et de la diminution du montant minimum au titre de la réserve monétaire de près de 100 millions de dirhams, le besoin de liquidité des banques s'est situé à près de 51 milliards de dirhams, après 46,8 milliards le mois précédent. Aussi, Bank Al-Maghrib a-t-elle augmenté le volume de ses injections, le portant à 53 milliards de dirhams à fin mars, dont 38 milliards de dirhams à travers les avances à 7 jours sur appel d'offres et 15 milliards de dirhams par le biais des opérations de pension livrée à 3 mois. Parallèlement, le taux moyen pondéré du marché interbancaire s'est établi en mars à 3,31 %, en progression d'un point de base par rapport au mois précédent. La BAD à la rescousse Devant l'impasse budgétaire due à la hausse des dépenses de la Caisse de compensation ainsi que la baisse de régime de certains secteurs vitaux, le recours à une levée sur le marché international par le gouvernement semble très minime à cause de la conjoncture internationale. Toutefois, le gouvernement Benkirane a reçu, en fin de semaine dernière, une véritable bouée de sauvetage. En effet, la Banque africaine de développement (BAD) a décidé d'octroyer au Maroc des prêts avoisinant les 2,7 milliards d'euros pour la période 2012-2016. La BAD prévoit des prêts au Maroc d'un montant global d'environ 30 milliards de dirhams, soit un milliard d'euros pour 2012 et environ 420 millions d'euros pour chacune des quatre prochaines années. « Nous voulons encourager le rythme des réformes en cours dans le royaume où la BAD est le premier partenaire pour le développement avec des investissements d'environ 8 milliards d'euros », a déclaré à cette occasion la représentante de la BAD au Maroc, Amani Abou Zeid. Par rapport aux objectifs de ces prêts, il s'agit en premier lieu d'améliorer l'efficacité de l'administration publique, la modernisation du secteur financier et le développement du capital humain (éducation, promotion de l'emploi). Le second objectif est le soutien à la croissance verte (énergies propres, gestion de l'eau) et l'aide à l'accès des populations aux infrastructures de base.