C'est par un lundi de Pâques, férié, que les Français ont assisté au lancement officiel de la campagne électorale des élections présidentielles, dont le premier tour se tiendra dimanche 22 avril. Outre les deux favoris, le président sortant Nicolas Sarkozy et le candidat socialiste François Hollande, trois outsiders de taille concourent pour la présidence : le centriste François Bayrou (MODEM), Marine Le Pen du Front national (extrême droite), et Jean-luc Mélenchon du Front de gauche, une coalition formée du Parti de gauche et du Parti communiste. Cinq autres candidats essayent de se frayer une place de choix, mais sans grand succès, n'arrivant pas à dépasser la barre des 2 % d'intention de vote, comme l'ont montré les récents sondages. Le lancement officiel de la campagne s'est naturellement répercuté sur les médias. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), l'équivalent de la HACA marocaine, a ainsi imposé des règles draconiennes aux différents médias, publics et privés. Concernant les médias audiovisuels, les temps de parole doivent être équitablement partagés entre les dix candidats, chacun d'entre eux disposant de 43 minutes de promotion quotidiennement. Qualifiant les règles dictées par le CSA de « très strictes », le quotidien de droite, Le Figaro, regrette cependant « le manque d'originalité » des spots TV des candidats, les jugeant « ennuyeux ». Des socialistes persona non grata La crise qui frappe actuellement l'ensemble du continent européen, la France comprise, est naturellement le principal sujet de campagne. Entre un taux de chômage avoisinant les 10 %, une croissance économique au ralenti, et des finances publiques dans le rouge, les candidats ne disposent pas de grandes marges de manœuvre. Les candidats sont souvent accusés de « fuite en avant » par un bon nombre d'analystes de la scène politique française. L'hebdomadaire britannique The Economist avait d'ailleurs, dans un numéro consacré aux présidentielles françaises, accusé les deux principaux candidats aux élections de « déni de la réalité », leur reprochant de ne pas prendre en compte, dans leur campagne, les problèmes économiques auxquels est confrontée la France. Autre sujet de polémique ayant marqué les observateurs lors des dernières semaines, le refus d'un certain nombre de chefs d'Etat européens, parmi eux la chancelière allemande Angela Merkel, de recevoir le candidat du Parti socialiste François Hollande. Selon les analystes, Hollande, en promettant de remettre en cause les traités d'austérité concoctés par Bruxelles pour résoudre la crise économique, aurait fini par irriter les principaux dirigeants d'un continent à majorité gouverné par la droite. Face à ce que certains considèrent comme une ingérence allemande, les candidats du Front national et du Front de gauche s'érigent en défenseurs de la souveraineté économique française. Baisse de la qualité des débats Devant la posture victimisatrice de Marine Le Pen, qui n'hésite pas à faire de « l'Europe de Bruxelles » la responsable de tous les maux des Français, Jean-Luc Mélenchon, lui, dénonce « l'Europe totalitaire », condamnant les politiques libérales dictées par Bruxelles et la BCE (Banque centrale européenne). En pleine crise économique, bien des journaux regrettent la baisse de la qualité des débats présentés par les candidats. Tout en relevant l'inadéquation entre les promesses des candidats et l'état délicat dans lequel se trouve l'économie française, Serge Halimi, le directeur du mensuel Le Monde diplomatique, regrette la prépondérance des décisions de Bruxelles sur les politiques français. Ceux-ci auront d'ailleurs du pain sur la planche pour convaincre une population affectée par la crise. Néanmoins, le suspens est à son comble. Selon les derniers sondages, Sarkozy et Hollande seraient au coude à coude. De l'avis de bien des observateurs, rarement l'issue d'un scrutin présidentiel n'a été aussi indécise. Une mosquée incendiée en Corse Cet acte de vandalisme que le ministère français de l'Intérieur a qualifié d ‘ « incendie raciste », s'est déroulé dans la nuit de dimanche à lundi, à Ajaccio. Une salle de prière fréquentée par la communauté musulmane a été partiellement détruite. « Des inscriptions à caractère raciste ont été découvertes sur la façade de l'immeuble qui abritait ce lieu de culte», précise le communiqué du ministère de l'Intérieur. Signalons que le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a demandé aux services d'enquête de tout mettre en œuvre pour identifier rapidement les auteurs de cet acte, afin de les mettre à disposition de la justice.