Insatisfaite du traitement médiatique de ses différentes décisions liées à la question de la liquidité du secteur bancaire marocain, Bank Al-Maghrib, devant un parterre de journalistes, est revenue sur les injections et le taux directeur que la Banque Centrale ramené de 3,25 % à 3 % depuis son dernier conseil, tenu le 27 mars dernier. Ainsi, Karim El Aynaoui, responsable de la Direction des études et des relations Internationales et Mounir Razki, responsable de la Direction des opérations monétaires et des changes, se sont attelés à expliquer les fondements de la politique monétaire ainsi que la gestion quotidienne au sein de Bank Al-Maghrib, leur permettant de gérer la liquidité. Relancer l'économie Pour ce qui est du taux d'intérêt directeur, sa diminution signifie que les banques vont avoir un coût de (re)financement moins élevé. Dans l'idéal, cet abaissement du coût devrait profiter aux consommateurs, entreprises comme ménages, du moment où le crédit coûtera moins cher. Un coût de financement inférieur incitant les entreprises à investir et les ménages à consommer… « Toutefois, ce cas de figure n'est pas systématique et les établissements de crédit ne sont pas tenus de répercuter cette baisse, d'autant plus que ce sont les taux fixes qui sont les plus utilisés », souligne El Aynaoui. En tout cas, l'augmentation de la distribution des emprunts contribuera à l'accroissement de la demande et lorsque la demande augmente pour une offre inchangée, les prix augmentent. Pour résumer, le taux d'intérêt directeur a un impact sur la masse monétaire en circulation qui, elle-même, impacte les prix. C'est pour cela que la banque centrale européenne (qui utilise beaucoup cet outil de politique monétaire) baisse ce taux si elle désire relancer l'économie et rehausse ce taux si souhaite lutter contre l'inflation. On parle alors soit de politique de relance, dans le premier cas, soit de politique restrictive dans le second. Une inflation maîtrisée Actuellement, et depuis des années déjà, l'inflation au Maroc a été maintenue en deçà de 2% , soit la limite conventionnelle à ne pas dépasser. Se basant sur les projections réalisées par la quarantaine d'économistes que compte Bank Al-Maghrib, les deux professionnels des études et des relations Internationales et des opérations monétaires et des changes, estiment d'ailleurs que ce niveau conventionnel ne sera pas dépassé dans le court et moyen terme. D'où la décision de baisser le taux directeur qui pourrait, à priori, relancer l'activité économique et notamment l'emploi (la relance par la demande interne). Et ce, sans pour autant avoir un impact sur le taux d'inflation qui ne risque pas d'augmenter, selon la banque centrale, en dépit des aléas conjoncturels économiques que connait le Maroc. Notamment la baisse de la demande étrangère, la compagne agricole difficile, pour ne pas dire alarmante, et qui poussera le royaume à importer plus de 50 % de ses besoins en céréales ou encore le tiers de ses besoins en sucre, entre autres. La sous-liquidité, condition d'efficacité Sur un autre registre, le point de presse tenait à préciser l'amalgame qui pourrait intervenir suite à la baisse du taux d'intérêt et que l'on tend à expliquer, à tort, par le besoin de liquidité des banques. D'après Razki, « l'outil qui permet d'améliorer cette liquidité, et ce de manière structurelle, est bien le niveau des réserves obligatoires. Ce dernier n'est toutefois pas un outil de politique monétaire. Les injections sont également importantes dans le sens où elles mettent à disposition des banques des quantités de monnaie nécessaires pour maintenir le taux directeur à son niveau réglementaire, assurant ainsi une stabilité in fine des prix ». D'ailleurs Karim EL Aynaoui a précisé : « Cette situation de sous liquidité est préférable car elle nous permet de jouer amplement notre rôle de régulateur mais surtout que la politique monétaire soit efficace ».