En juin prochain, la Banque mondiale devrait avoir un nouveau président, ou une nouvelle présidente… Dans le jeu tacite entre l'Europe et les Etats-Unis, ce poste revient systématiquement aux derniers, tandis que le patron du FMI est traditionnellement européen. Pour les partisans de ce statu quo, le poids économique des Etats-Unis et de l'Europe est un élément décisif, qui justifie le maintien de cette règle. Simplement, cette fois-ci, la nomination d'un obscur médecin, fut-il président d'une prestigieuse université, aura du mal à faire le poids face à celle de Madame Ngozi Okonjo-Iweala. Directrice générale de la Banque mondiale pendant quatre ans, elle aura passé en tout 20 ans au sein de cette institution. Formée à Harvard et au MIT, femme de terrain, plusieurs fois ministre des Finances et des Affaires étrangères, son parcours est exemplaire. Il se trouve juste qu'elle est africaine. Nigériane pour être précis. Pays où son action a permis de sortir de crises aiguës. Soutenue par son pays, par l'Afrique du Sud et l'Angola, madame Okonjo-Iweala a le profil pour représenter, au mieux, les intérêts de la Banque, mais aussi ceux des pays émergents, qui constituent la véritable locomotive de l'économie internationale. Sa nomination serait un signe important pour briser le vieil habitus derrière lequel se retranchent les héritiers de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, il y a 67 ans, au siècle dernier. Ce serait aussi l'octroi d'un poste important à une femme, basé sur le mérite plutôt que sur la nationalité. L'occasion est unique, parce que les candidats proposés sont loin d'être d'un poids égal. Bien entendu, avec le poids de son pays, Jim Yong-Kim, le candidat américain pourrait être élu, en dépit de sa totale méconnaissance de la Banque mondiale et des enjeux qui s'y jouent. Ou comment un médecin, sans bagage en économie ni en finances, pourrait plomber une institution dont la mission, souvent impopulaire et parfois inhumaine, aurait tout à gagner d'une personnalité qui, en plus de remplir tous les critères, serait une représentante du changement, sans être totalement une étrangère. Espérons que le Maroc et les autres pays se rangeront derrière la meilleure candidature, celle de la compétence et de la diversité.