Saâd Dine El Othmani garde toujours son optimisme. A l'issue du 9e round des pourparlers informels sur le Sahara, le 13 mars, le chef de la diplomatie marocaine se dit convaincu que cette nouvelle étape a été « positive pour un règlement politique négocié». Dans une déclaration à l'issue de ce nouveau round, il affirme que le Maroc s'est toujours montré disposé et engagé à trouver « une solution novatrice qui aille au-delà des solutions classiques qui étaient en vigueur avant que l'ONU n'appelle, à travers des rapports et résolutions du Conseil de sécurité, à un règlement politique mutuellement acceptable pour les parties ». La dynamique des réformes que connaît le Maroc, le réchauffement des relations maghrébines et la ferveur du Printemps arabe constituent, pour Saâd Eddine El Othmani, des vecteurs très favorables, dans la perspective de résoudre ce dossier mutuellement. Le plan d'autonomie que propose et défend le Maroc profite d'un grand appui exprimé par les diplomaties de différents pays, qui le trouvent « crédible et réaliste ». Pourquoi ce nouvel échec ? Mais la partie adverse continue à le rejeter, maintenant sa position pour l'organisation d'un référendum. Selon l'Agence d'information algérienne, le négociateur au nom du Polisario, Khatri Eddouh, a déclaré que c'est « au peuple sahraoui de décider librement de son destin ». Que ces pourparlers n'aboutissent à rien de concret n'est aucunement surprenant. « Tant que la situation stagne ainsi, il n'y aura pas de solution », affirme le politologue Roudani Cherkaoui rappelant que ces rencontres informelles qu'accueille Manhasset se limitent à la volonté d' « apaiser les tensions » sans plus. « Le Maroc est appuyé, dans son plan d'autonomie, par presque tout le monde. Et dans la région, il fait exception par ses réformes qui lui confèrent, à présent, la position d'un réel leader. Cela a fini par susciter la jalousie de son voisin », déduit cet expert convaincu que l'Algérie tente par tous ses moyens de « discréditer » les efforts du Maroc. Les frontières et le Sahara « La tactique algérienne est de maintenir le statu quo. L'Algérie craint le plan d'autonomie parce qu'elle redoute les risques qui pourraient découler de sa réalisation », estime Roudani Cherkaoui soulignant que l'approbation algérienne de ce plan ouvrirait la brèche à des revendications internes. « La décentralisation et la régionalisation sont, à présent revendiquées, pour Tizi-Ouzzou. Accepter le plan d'autonomie réveillerait tout le tissu social de l'Algérie qui peine toujours à assurer sa stabilité interne », analyse ce politologue. Cette « instabilité » dont souffre encore l'Algérie fait aussi obstacle sur sa réelle volonté d'une ouverture éventuelle de ses frontières avec le Maroc. De l'avis de cet expert, même si le dossier du Sahara et celui de l'ouverture des frontières ne relèvent pas du même domaine, ils restent intimement rattachés pour la partie algérienne. « Le Sahara est une question politique, alors que l'ouverture des frontières est géographique. Mais le côté algérien les voit comme deux choses parallèles. L'ouverture des frontières représenterait un signe fort pour entamer une intégration économique. Mais je ne pense pas que l'Algérie le fera, en tout cas pas à moyen terme, puisque cela ne l'arrange pas », estime Roudani Cherkaoui. Ce qui n'arrange pas l'Algérie, selon ce dernier, c'est de ne pas tirer avantage de cette ouverture des frontières dans la mesure où cela exercerait de réelles pressions économiques. « Cette ouverture suppose la circulation des capitaux et la fluidités des échanges au niveau de la région de l'Oriental plus particulièrement. Tant que l'Algérie continue à avoir la mainmise sur le gaz et le pétrole, elle n'y trouvera pas son compte », constate le politologue pour qui, l'Algérie ne lèvera les barrières de ses frontières que si elle connait une crise économique. Et le camp de Tindouf ? Même si les pourparlers informels se sont déroulés, d'après l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Christopher Ross, dans une « atmosphère d'engagement sérieux, de franchise et de respect mutuel », aucune avancée n'a été constatée, laissant le problème des camps de Tindouf suspendu. « C'est une question humanitaire qui prévaut, dans ce cadre précis. Depuis l'avènement du Printemps arabe, des soulèvements ont été signalés au sein du camp de Tindouf revendiquant le départ de l'état-major algérien», souligne Roudani Cherkaoui, rappelant que la répression violente a fini par museler les cris. En attendant que la lumière soit faite sur les exactions dont souffrent les Marocains séquestrés dans les camps de Tindouf, les prochains rounds des pourparlers informels auront lieu en juin en Europe, puis en juillet dans un lieu à déterminer. D'ici là, Ross devra effectuer une tournée régional, y compris dans les provinces sahariennes en mi-mai. Une tournée qui sera organisée, après le réexamen par le Conseil de sécurité de la question du renouvèlement du mandat de la Minurso qui expire le 30 avril.