Notre pays considère que le moment est opportun pour concevoir une approche partenariale plus ambitieuse qui soit en phase avec la nouvelle donne régionale ». En homme convaincu et convaincant, Youssef Amrani, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, a lancé un appel pour refonder le partenariat Maroc/Europe sur des bases plus solides et surtout plus équilibrées. « Je crois qu'il existe désormais un consensus historique entre le Maroc et l'Union européenne sur la voie à suivre, du fait de la singularité de notre partenariat qui se caractérise par la confiance, la sérénité et l'ambition. Ce socle nous permet objectivement de construire un partenariat avant-gardiste, modèle pour la région euro-méditerranéenne », soutient-il, à l'ouverture du séminaire « Le Statut avancé : nouveaux acteurs, nouvelles perspectives », qui s'est tenu, mardi soir à Rabat. Objectif : convergence Le Maroc aspire à un partenariat multidimensionnel à même de stimuler sa dynamique réformatrice. « Notre pays est pleinement engagé à promouvoir avec l'Union européenne un espace de valeurs partagées et un espace économique commun », affirme Youssef Amrani, soulignant que l'adoption par le Parlement européen, le 16 février, de l'accord de libre-échange dans le domaine agricole est une nouvelle illustration du partenariat spécifique entre les deux parties, une décision qui donne tout son sens au Statut avancé. « Non seulement cet accord est important en termes économiques et commerciaux, mais également la démonstration que l'Europe croit réellement en un A présent, ce sont de nouveaux secteurs qui feront l'objet d'un « alignement sur les acquis communautaires », comme la normalisation industrielle, le code du travail et la concurrence. partenariat durable et de proximité avec le Maroc », précise le ministre. Concrètement, cette « proximité », que cherche le Maroc à rendre « optimale », reste intimement liée au « travail de convergence réglementaire déjà entrepris ». « Cela nous a permis d'asseoir des normes de bonne gouvernance telles que la lutte contre le blanchiment de capitaux, la Cours des comptes, la modernisation des juridictions et la lutte contre l'immigration irrégulière », cite en exemple Youssef Amrani, pour qui cette proximité a également permis de gérer la transition économique du Maroc et d'améliorer ses indicateurs sociaux, tels que l'INDH, l'alphabétisation et la couverture médicale. A présent, ce sont de nouveaux secteurs qui feront l'objet d'un « alignement sur les acquis communautaires », comme la normalisation industrielle, le code du travail et la concurrence. Bref, c'est sur une cohérence avec les politiques publiques que le Maroc compte acheminer son partenariat. « Le Maroc veille à ce que ce rapprochement soit promu dans un équilibre entre les dimensions : bonne gouvernance, compétitivité économique et dimension humaine », précise le ministre. L'UE veut une stratégie L'ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne, Eneko Landaburu, qui a présidé le panel « la convergence Maroc-UE dans le cadre du Statut avancé », au cours de ce séminaire, a estimé urgent pour le Maroc de définir ses priorités. « Il y a deux ans, à mon arrivée au Maroc, j'ai demandé au ministre des Affaires étrangères une définition de l'ambition marocaine et comment la mettre en œuvre. Je n'ai pas eu de réponse », déclare Eneko Landaburu. Pour le diplomate, c'est une vision floue qu'a l'UE des priorités marocaines. « Par rapport à la stratégie du Maroc démocratique et fiable au plan international, il me semble que le succès dépend de deux questions : Il faut clarifier le niveau et les conditions (délais, domaines…) et assurer plus de transparence », indique-t-il. Aux yeux du chef de la délégation de l'UE, le Maroc est appelé plus que jamais à instaurer une structure de gouvernance consacrée à ce processus par la création d'une instance politique qui s'en occupera. Le professeur d'économie, Larabi Jaïdi, insiste, lui aussi, sur la nécessité pour le Maroc d'adapter ses normes et ses administrations à l'ambition de son partenariat. L'expert se dit, par ailleurs, convaincu de l'importance d'impliquer et d'associer au processus de normalisation, plus d'acteurs économiques et de la société civile. « La coordination des administrations s'impose », martèle l'économiste suggérant que le Maroc adopte l'exemple d'autres pays dotés d'unités chargées uniquement de la matière européenne au sein de leurs administrations. Un champ de réflexion est donc ouvert.