Abdelilah Benkirane, en compagnie de son bras droit Abdellah Baha, ont reçu, mercredi au siège du PJD, deux délégations appartenant à l'opposition syrienne. Interrogé par Le Soir échos, Mustapha Khalfi, le ministre de la Communication, confirme la visite. « Nous avons reçu, séparément, deux délégations de l'opposition syrienne. La rencontre entre dans le cadre de la politique de rapprochement entre l'opposition syrienne et le Maroc », précise Khalfi, avant d'ajouter que des discussions à propos de la réalité du terrain ont aussi été abordées. Les deux délégations, reçues au siège du PJD, sont les organes les plus représentatifs de l'opposition syrienne. Il s'agit de l'Instance de la coordination de la révolution syrienne, et du Conseil national de transition syrien (CNTS), qui, avec cette visite, souhaitent préparer la réunion des « amis du peuple syrien », qui se tient aujourd'hui à Tunis. Rôle positif du Maroc Contacté par Le Soir échos avant de prendre son envol à Tunis, pour prendre part à la réunion des « amis du peuple syrien », le ministre des Affaires étrangères et de la coopération Saâd Dine El Otmani, déclare quant à lui que les délégations syriennes sont d'abord venues « défendre leur cause, et ainsi préparer la réunion de Tunis ». Il en a aussi profité pour parler du contenu des discussions. D'après lui, « elles sont venues (les 2 délégations) défendre leurs opinions et analyses sur ce qui se passe en Syrie ». Concernant le rôle du Maroc dans la résolution de la crise syrienne, « ils ont salué le rôle positif et pertinent que joue le Maroc dans le Conseil de sécurité des Nations unies », a ajouté l'ex leader du PJD. Rappelons que le Maroc avait présenté un projet de résolution de crise au Conseil de sécurité, avorté à cause du veto de la Russie et de la Chine. Devant la difficulté d'arriver à un compris, et face à l'impossibilité d'une intervention militaire, l'équation semble des plus compliquées à résoudre. Mercredi encore, 80 personnes sont mortes dans la seule ville de Homs, épicentre de la révolte syrienne. Corridor humanitaire : est-ce la solution ? Optimiste, El Otmani croit encore en « une solution politique ». Selon lui, « il faudrait appuyer une solution politique et non militaire, en convainquant le régime syrien de laisser les ONG humanitaires entrer dans les villes les plus atteintes par la répression, comme Homs par exemple, qui subit une catastrophe humanitaire ». Pour rappel, ce fut la France qui, en premier, avait proposé l'idée de mettre en place un couloir humanitaire pour venir en aide aux populations syriennes. « Je demanderai à mes partenaires européens que soient mis à l'ordre du jour la mise en place des corridors humanitaires dans le pays », avait alors déclaré Alain Juppé, le chef de la diplomatie française, seule solution à même de résoudre la crise humanitaire. Néanmoins, la même solution avait été utilisée lors du bombardement de Grozny (Tchétchènie) en 1996. Assiégés par les Russes, ces derniers avaient permis la mise en place du corridor durant une durée limitée ; passée la date limite, l'armée russe a littéralement rasé la cité de la carte. L'ironie de l'histoire veut que le premier pays ayant refusé l'idée de Juppé n'est autre que la Russie. Vendredi se tient donc le premier sommet des « amis du peuple syrien », en Tunisie, berceau de la tempête révolutionnaire qui s'est emparée des peuples arabes. 70 pays sont présents dans la capitale tunisienne, majoritairement représentés par leurs ministres des Affaires étrangères. Selon El Otmani, les amis de la Syrie « feront tout leur possible pour remettre sur les rails le projet de résolution de la Ligue arabe, et trouver un accord pour arrêter le bain de sang ». Mais l'éventualité d'une résolution de la crise syrienne demeure des plus incertaines, l'axe sino-russe est là pour nous le rappeler. « Corridor protégé » Contacté par Le Soir échos, Samir Aïta, économiste et membre de l'opposition syrienne livre son point de vue sur l'éventualité de la mise en place du « corridor humanitaire » proposé par Alain Juppé : « lorsque la France ou une partie de l'opposition syrienne parle de corridor humanitaire, il s'agit d'un corridor protégé, ce qui implique la présence d'une armée. La régime ne va évidemment pas accepter. La seule et unique solution est que la communauté internationale exerce une grande pression sur le régime syrien. La saisine du Conseil de sécurité reste la meilleure solution car elle est légale. ».