Voyant le taux de chômage de son pays atteindre les 23%, le neuvième président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a cru bien faire en proposant une draconienne réforme du travail. Une réforme jugée par plusieurs de « destructrice d'emplois » ou encore d' « injuste », « d'inefficace », voire même « d'inutile ». 57 villes d'Espagne ont en tout cas répondu à l'appel des deux grands syndicats d'Espagne, l'UGT et Comisiones Obreras (CCOO). Si à la Capitale la mobilisation a pu rassembler, dimanche, plus de 500 000 manifestants, dans d'autres villes la présence était en force : 400 000 à Barcelone, 150 000 à Valence et 50 000 à Séville. « Grève ! Grève ! Grève », hurlaient les foules indignées. Ces dernières exigent urgemment l'ouverture d'un dialogue et des négociations sur cette réforme très mal accueillis. « Si l'on se laisse faire, tous nos droits seront supprimé. Banquiers, voleurs, rendez les millions », avaient lancé des manifestants dimanche. Une réforme très osée… « L'indemnisation de licenciement pour les contrats CDI est réduite de 45 à 33 jours par année de présence dans l'entreprise. Les agences d'intérim sont maintenant autorisées à jouer le rôle d'agences pour l'emploi. Les chômeurs percevant une indemnisation devront réaliser un « travail social » s'ils veulent la conserver. Un nouveau contrat de travail est créé pour les PME avec une période d'essai d'un an. Au cours de cette période, le patron et le salarié peuvent résilier unilatéralement le contrat sans préavis et sans en donner la raison. Le salarié ne reçoit aucune indemnité à la suite de cette résiliation. Des facilités sont données aux entreprises en difficulté pour déroger aux accords et aux règles limitant la surexploitation. La flexibilité interne dans les entreprises est favorisée grâce à la mobilité fonctionnelle et la modification substantielle des conditions de travail. » Telles sont les quelques réformes de Rajoy, rapporté du site d'information français le NPA. Rajoy se justifie En somme, ces réformes permettront aux entreprises en mauvaise passe de contrôler les clauses des contrats, de modifier les horaires du travail, les fonctions et les tâches de chaque employé mais aussi les rémunérations tout en augmentant la fréquence des licenciements qui désormais ne coûteront plus très gros pour les employeurs. Pour se défendre Rajoy, scande un autre discours complètement déphasé de celui de la rue : «C'est la réforme dont l'Espagne a besoin pour éviter que nous soyons le pays d'Europe qui détruit le plus d'emplois. Cette réforme nous situe au même niveau que les pays d'Europe les plus avancés et en finit avec les injustices du marché du travail», avait –il déclaré à la presse. En tout cas, les syndicats ont menacé de poursuivre leur manifestation avec leurs drapeaux rouges si le dialogue ne s'ouvre pas dans les jours à venir.