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Des papiers pour les clandestins
Publié dans La Gazette du Maroc le 26 - 07 - 2004


70 000 Marocains seront régularisés
Dans chaque ville espagnole, ils sont des milliers à travailler au noir, clandestins, sans aucune reconnaissance ni aucun droit. Des espèces d'esclaves modernes qui sont à la merci de leurs employeurs. Aujourd'hui, ils sont 70 000 à rêver de papiers en règle pour aborder le monde du travail avec des droits garantis par la législation espagnole et européenne. Ils espèrent déjà vivre dans la clarté comme tous les prolétaires du monde. La Gazette du Maroc s'est déplacée en Espagne à Malaga et Algésiras pour connaître leurs points de vue et leurs préoccupations.
C'est un pur hasard qui nous a mené dans une ruelle où un nombre important de Marocains a élu domicile depuis quelques mois, chacun suite à un arrivage accidentel ou programmé avec concertation, tractations et préludes à une vie de clandestin en bonne et due forme. Ils ont tous pour point de chute un café qui porte bien son nom : le café Sur, ce Sud lointain que l'on fuit pour le Nord frais, froid et accueillant. Inutile de revenir sur les désillusions et les claques que l'on reçoit une fois on descend du bateau, les fausses promesses et les innombrables connaissances et amis qui vous font faux bond et vous laissent face au vide et à l'errance. Le vide, c'est ce qui revient sur toutes les langues. Le vide et la perdition, les moments de paniques, l'envie, la nécessité de rebrousser chemin, la honte et la peur au ventre. C'est en gros cela le lot des clandestins qui arrivent à rallier l'autre rive sans périr dans la houle du détroit. Ce sont ceux-là qui rêvaient de papiers et qui, aujourd'hui, espèrent à nouveau.
Un demi-million de régularisés
Ils sont plus de 500.000 immigrants clandestins qui pourraient bénéficier d'un projet du gouvernement socialiste espagnol, dirigé par José Luis Rodriguez Zapatero, visant à régulariser les sans-papiers. Ici, il faut marquer une précision, ce ne sont pas tous les sans-papiers qui seront régularisés, mais uniquement ceux qui peuvent prouver qu'ils ont un contrat de travail. C'est ce qui se dégage nettement et sans fioritures de la déclaration des deux grands syndicats espagnols : le CCOO et l'UGT. On peut se demander d'emblée pourquoi cette décision du gouvernement espagnol de faire bénéficier les clandestins de papiers et de droit de citoyenneté en règle ? La première réponse est que le chiffre des clandestins est énorme : près d'un million d'étrangers qui vivent clandestinement en Espagne sur une population totale de 42,7 millions de personnes. Selon les syndicats, au moins 500.000 d'entre eux travaillent au noir. En second lieu, il faut savoir que ce projet s'inscrit dans «le cadre d'un programme d'intégration sociale des immigrants» que Mme Consuelo Rumi, secrétaire d'Etat à l'Immigration, veut lancer le mois prochain. C'est dans ce sens que le gouvernement a promis qu'il serait généreux à l'égard des patrons qui régulariseront la situation d'immigrants clandestins mais «les sanctions seront plus sévères» dans le cas contraire. Des organisations non gouvernementales, comme SOS Racisme, ont exprimé leur scepticisme car «la régularisation des sans-papiers reste confiée aux mains des patrons qui ont commis un délit» en les embauchant jusqu'à présent sans contrat.
Quoi qu'il en soit, cette politique semble prendre son chemin puisque 100.000 clandestins, toutes nationalités confondues, ont déjà été régularisés par Zapatero au mois de juillet 2004.
Ce fameux contrat
de travail
«C'est cette histoire de contrat de travail qui fausse toute la donne. Imaginez-vous que les patrons nous font bosser avec des contrats ? Mais où vont-il chercher cela ? Ils connaissent la réalité du terrain et savent que ceux qui vont bénéficier de ce type de largesses, ce sont ceux qui ont trimé pendant dix ans. Moralité de l'histoire, il faut faire l'esclave au noir durant dix ans et ensuite, on te fait une fleur ». Ils, ce sont les politiques qui tentent ici de faire face d'abord au manque à gagner pour l'économie espagnole, comme nous l'explique un spécialiste de l'université de Madrid : «Ce sont 20% du PIB qui vont ailleurs. Cela fait beaucoup pour le gouvernement. Il ne faut pas croire que ce geste est une pure bonté de la part de monsieur Zapatero qui a toute ma sympathie. Je veux juste vous faire remarquer que ce sont d'abord les intérêts de l'Etat et non la situation des clandestins qui sont une priorité». Auprès des patrons, le son de cloche sonne un peu différemment : «On ne peut pas venir régulariser les gens comme cela du jour au lendemain. Les responsables pensent que c'est une bonne chose pour équilibrer leurs affaires. Il se trouve que nous sommes toujours les premiers à accuser le coup dans ce genre de décision hâtive ». Pour Jaime, ce patron à Benalmadina, c'est une erreur. Des papiers pour les clandestins, cela équivaut à du personnel déclaré. Ce qui revient à dire qu'il faut casquer plus, dépenser ce qu'il ne faut pas : «Heureusement qu'il y aura d'autres clandestins. Il y en aura toujours d'ailleurs », tranche-t-il sûr de son coup. Pour Hassan, rencontré à Malaga, qui, jusque-là, occupait le poste de cuisinier dans un bar du coin, la peur se situe au niveau des patrons qui vont devoir revoir leurs cartes : «je vois d'ici ce qui pourrait bien se passer. Il y a des patrons qui vont licencier à tour de bras. Ils évitent de payer plus en n'ayant qu'un nombre réduit de déclarés. Le reste, ils iront le chercher dans la rue, le vivier infaillible des sans-papiers et des demandeurs d'emplois à moindres frais.». Selon quelques Marocains de la rue Trinidad Grund, il semblerait que c'est déjà le cas : «certains patrons ont prétexté la fin de la saison estivale. Alors ils ont procédé au décrémage. Il n'y a rien à faire contre cela. On te fout à la porte et tu devras trouver ailleurs. »
Sur la Costa del Sol , c'est la fin de l'été et les centaines voire les milliers de travailleurs clandestins vivent avec la peur au ventre. Ils savent que leur seule bouée de sauvetage reste ce travail au noir qui arrange et leurs affaires et celles des patrons sans scrupules. Alors, quelle mesure va prendre le gouvernement Zapatero pour contrôler les dérives des patrons ? C'est à cette question qu'il faudra répondre avant de voir les clandestins jouir d'un statut normal d'émigré respecté et respectable.
Quelques chiffres
1.647.000 étrangers, munis de cartes de résidence, ont été recensés en 2003, soit une augmentation de 24,4% par rapport à 2002.
406.000 étrangers sont des ressortissants de l'Union européenne, 154.000 Européens non communautaires, plus de 432.000 sont originaires d'Afrique, 514.000 d'Amérique Latine et plus de 121.000 d'Asie.
Par nationalités, les Marocains viennent en tête (330.000), soit 20,28% du total des étrangers en situation légale, suivis des Equatoriens (174.000), des Colombiens (107.000), des Britanniques (105.000), des Allemands (près de 68.000), des Péruviens (57.000) et des Chinois (57.000).
A fin décembre 2003, le nombre d'affiliés étrangers à la sécurité sociale était de 963.000, soit 5,7% des 16.866.907 travailleurs affiliés à cet organisme de prévoyance sociale.
Par région, la Catalogne abrite la plus forte communauté étrangère (383.938), suivie de la communauté régionale de Madrid (355.035) et de l'Andalousie (208.523).
En 2003, quelque 323.000 étrangers ont été régularisés.


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