Au Mouvement populaire (MP), la nouvelle a eu l'effet d'une bombe. Le tribunal de première instance de Khouribga a condamné un des assistants de l'actuel ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, à une peine de 8 mois de prison avec sursis, assortie d'une lourde amende de 80 000 dirhams. Le verdict confirme la culpabilité de cet individu, président d'une commune rurale de la région de Khouribga, de corruption électorale. En d'autres termes, ce membre du MP aurait acheté les voix de plusieurs électeurs au profit de la tête de liste MP de la région, en l'occurrence Lahcen Haddad. D'après des témoins cités dans l'affaire, ces derniers ont affirmé avoir reçu de l'argent de l'assistant en question. Selon les détails relatés par certains médias, deux témoins auraient expliqué que l'un d'eux a eu droit à 250 DH, dont il a dépensé 50 DH et remis le reste aux enquêteurs. Le deuxième, pour sa part, a eu droit au double pour l'achat de quatre voix, toutes de la même famille. Haddad nie toute implication Contacté par Le Soir échos, le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, a nié toute implication dans cette affaire. Ne souhaitant faire aucune déclaration, il a toutefois insisté sur l'inexistence de lien entre lui et le président de la commune en question. Les tentatives du Soir échos de connaître l'avis de l'actuel secrétaire général par intérim du MP, Saïd Ameskane, ont été vaines. Et nos appels au siège du MP sont restés sans suite. Le parti serait en train de préparer une réunion pour décider des mesures. Mais cette décision ne se fera qu'en concertation non seulement avec le secrétaire général par intérim du parti, mais aussi avec le chef du gouvernement, d'après Lahcen Haddad. La décision devrait être connue d'ici demain. D'ici là, au PJD, on préfère prendre le temps de discuter de l'affaire avant d'agir. Mais d'ores et déjà, l'un des dirigeants du parti estime qu'il ne sera jamais question d'arrêter le processus de la justice, et que la priorité de Benkirane quant au respect de la transparence le restera toujours. L'opposition se frotte les mains Et c'est justement sur ce point précis que l'opposition construit sa réaction. Elle estime que ce scandale offre enfin au nouveau gouvernement l'opportunité de maintenir sa promesse et ses engagements quant à la lutte contre la corruption et la violation de l'éthique des pratiques politiques. Bien plus, l'opposition croit dur comme fer que Benkirane lui doit bien cela, puisqu'il a sollicité son soutien afin de faire respecter la transparence et sanctionner toute corruption, quelle qu'elle soit et où que ce soit. Pour l'opposition, le scandale qui a secoué le MP dont l'un des membres est reconnu coupable de corruption électorale met Benkirane face un choix décisif quant à l'avenir de son gouvernement. D'ailleurs, il n'a pas hésité à prouver que son équipe est prête à ne ménager aucun effort contre le fléau de la corruption. Les interpellations qui se sont succédé récemment, notamment dans le rang de la justice, le montrent. En témoigne l'arrestation en flagrant délit de corruption d'un juge à Tanger, en janvier dernier. Par la suite, c'est le conservateur de l'Agence nationale de la conservation foncière d'Aïn Chock qui se fait appréhender pour le même chef d'accusation. Et ce n'est qu'un début de l'aventure de Benkirane.