Le tourisme demeure l'un des points faibles de Rabat, pourtant en pleine métamorphose. C'est l'une des conclusions édifiantes qui ressort du plan communal de développement (PCD), rendu public le 10 février. Le document révèle que la capitale est plutôt une ville de passage, avec un taux d'occupation moyen, jugé pourtant intéressant, de 55 % et un nombre de nuitées de 577 794. Les visiteurs y viennent plutôt pour des séjours d'affaire. Quant aux touristes, ils y passent en moyenne deux jours. Une durée moyenne de séjour (DMS) qui reste très faible pour une ville comme Rabat. Se positionner sur le culturel L'une des explications nous a été fournie par Nadia Benslimane, directrice du Centre régional du tourisme (CRT) de Rabat est qu'au niveau du taux d'occupation, Rabat est mieux classée que Marrakech ou Agadir. « Mais, nous n'arrivons pas à faire décoller la promotion touristique. La ville est positionnée comme une ville culturelle, adossée au balnéaire, à l'écotourisme. A souligner aussi le développement du tourisme de niche et du tourisme sportif (grâce à ses golfs notamment), tous deux à haute valeur ajoutée », rajoute Benslimane. Rabat dispose pourtant de tous les atouts pour accéder au statut convoité. Au niveau culturel par exemple, la candidate au patrimoine mondial de l'UNESCO est bien lotie (manifestations culturelles, festivals, monuments historiques…). Cependant, à l'heure actuelle, Rabat ne jouit pas encore de cet impact culturel comme Fès et Marrakech. Et quand bien même des programmes d'actions promotionnels sont proposés, se pose le problème de leur financement. Robinet financier resserré Le CRT en est une illustration. « A part l'autorité locale (le wali), le CRI, et l'ONMT (Office national marocain du tourisme), personne ne nous soutient », se désole Nadia Benslimane. En effet, le budget du CRT est financé en grande partie par les Collectivités locales. Mais depuis trois ans, le robinet est fermé à ce niveau-là. Après avoir contacté des responsables de la région, le CRT a vu sa demande rejetée. « Ils n'ont pas compris que cet argent n'est pas destiné au CRT, mais à la région. Lorsque les différents organismes nous demandent des brochures, des affiches sur Rabat, nous devons les avoir. C'est pour la promotion de la région, et pas celle du CRT ». Un autre point, repris également par le Plan communal de développement (PCD), concerne cette fois-ci le Plan de développement régional du tourisme (PDRT), qui n'est pas encore abouti. En cause, une absence de vision commune entre les acteurs concernés. « Aujourd'hui, le tourisme n'est pas toujours vu comme une priorité. Plusieurs élus m'ont lancé que les priorités sont l'eau et l'électricité », s'inquiète Nadia Benslimane. L'eau et l'électricité avant le tourisme Plus grave, ce manque de financement met à mal la visibilité de la ville de Rabat dans les salons internationaux. « L'ONMT nous propose des stands dans ces salons. Mais comme nous n'avons pas les moyens de les remplir, ces stands restent vides », se désole la directrice du CRT de Rabat. Résultat, Rabat n'est pas conviée au prochain salon de Milan. Une occasion en or pourtant. « Le tourisme est l'affaire de tous ! Le mettre en valeur, c'est rendre service à toute la région, conformément à la vision 2020. Pour un emploi direct créé dans le tourisme, on crée cinq emplois indirects », affirme Nadia Benslimane. « Lorsque l'on ouvre un gite, ou que l'on promeut une activité touristique, l'argent qui en ressort reste sur place. Ceci a été prouvé, c'est un moteur pour le développement local ». Le CRT pour relancer le tourisme régional Le Centre régional du tourisme de Rabat, à l'instar des autres CRT, a été créé en 2004 par volonté royale. Son rôle est de faire la promotion de la région, de développer le secteur, en coordination avec les acteurs de la zone, institutionnels de la région que professionnels du tourisme. Objectif, éloigner l'image réductrice de capitale administrative qui colle à la ville de Rabat, et développer l'industrie du tourisme dans la capitale.