Mastermind, une plateforme artistique conçue par les gérants de la galerie Venise Cadre, permet à de jeunes artistes inconnus, tenants d'une réflexion fraîche et pertinente, de s'exprimer librement. Dans «Blast», fruit de cette initiative, onze jeunes artistes marocains, dont certains résident à l'étrangers, partagent leur mal-être, tentant de bousculer l'ordre établi. Tout y est, un sous-sol de galerie, un contenu bien ficelé, et une réflexion qui tend vers un cheminement décisif. En leur octroyant les moyens de production adéquats, Blast libère l'énergie créatrice de ces jeunes talents. Un foisonnement de médiums En leur octroyant les moyens de production adéquats, Blast a libéré l'énergie créatrice de ses onze jeunes talents. Photographie, sculpture, dessin, pop-art… Dans Blast, les médiums ne manquent pas. Rita Kharchafi, étudiante en école d'architecture à Paris, a réalisé une sculpture montrant des blocs d'aluminium de toutes tailles sur une maquette en plexiglas. « Dutopia » est un réflexion sur la création des villes, un travail en apparence dépouillé mais qui recèle de curieuses contradictions. Les villes sont-elles des utopies avortées ? des rêves inachevés ? Une ville est-elle un alignement de structures homogènes ou un amalgame de distorsions ? De son côté, Annuar Khalifi, jeune dessinateur et peintre marocain, résidant à Tanger, a réalisé une série de 100 dessins-miniatures formant le mot « flammable » ou combustible. Diplômé de l'université de Pompeu Fabra à Barcelone, il a réalisé un travail mi-street art et mi-BD qui oscille entre drôlerie et cynisme. Des gribouillages, des idées et des phrases puisés du quotidien. Le fast-food, l'amour, les super-héros, les animaux, l'enfance, tout y passe. Derrière ses personnages aux yeux tristes et au regard vague et ses scénettes minimalistes se profile une oeuvre dénonciatrice, comme si derrière les moments fugitifs du quotidien, une vérité nous échappe. Et derrière la volatilité, une menace d'éclatement. Auto-portraits Soukaina Joual, diplômée de l'Institut National Des Beaux Arts de Tétouan en 2011, actuellement en résidence à la Cité Internationale des Arts de Paris, a présenté des photographies où elle a jonglé avec le cœur dans sa forme brute, tout en chair et en sang. Dans ses auto-portraits, Soukaina désacralise l'image de cet organe trop mystifié. « J'ai interprété ce symbole comme une icône qui exprime les mauvais sentiments, tel que la haine, la malveillance et l'hostilité entre les gens », explique-t-elle. Dans un autre registre, elle a également réalisé une représentation pop-art du coeur, où des couleurs posées en aplat forment une palette de couleurs éclatantes. Le cœur devient le terreau de nos différences, nos conflits, nos victoires, et notre complexité humaine. Yassine Khaled, également diplômé de l'Institut National Des Beaux Arts de Tétouan en 2010, questionne l'impuissance des démunis dans « Marche-moi ». Son auto-portrait dénonce la pauvreté marginalisée et réduite au silence. Dans « Good zéro », il dévalue l'argent et représente des billets d'argent incrustés de motifs, reflétant un monde idéal et immatériel dans lequel l'homme souhaiterait évoluer. Yassine avait travaillé auparavant sur le concept de boîte à cirage, cette boîte qui symbolise la distance entre les gens, la déclinant, la stylisant et la caricaturisant pour montrer l'énorme fossé entre les classes sociales. Derrière les œuvres fraîches des onze jeunes artistes, « 212 537 », Laila Hida, Would Chaab, Zineb Andress Arraki, Siham Benhasein, Rita Kharchafi, Society et Abdeljalil Saouli, Soukaina Joual Yassine Khaled et Anuar Khalifi flotte une joyeuse odeur de poudre.