Né à Casablanca, Tito Topin, romancier âpre et vif a l'œil attentif aux places occupées par ses personnages. Il règle un vieux compte, avec « Présence française », les policiers et autres fonctionnaires des années cinquante au Maroc; il écrit net, frappe au vif. La collection Série Noire chez Gallimard a accueilli deux titres : Piano Barjo et 55 de fièvre qui témoignent de la rapacité, de la violence, du goût pour l'illégalité de ceux qui n'acceptaient pas l'indépendance du Maroc. Face à ceux-ci, les personnages auxquels va la sympathie de l'auteur sont des Européens qui refusent de mépriser les Marocains, et accueillent la prochaine indépendance du pays non pas comme une catastrophe mais comme la sanction certaine de l'aveuglement colonial et l'effet imparable du vent de l'Histoire. Dans Piano Barjo (Gallimard, Série Noire, n°1936), l'avocat Charles-Edmond Lepetit est assassiné par les hommes de main d'un patron de bordel de luxe à Port-Lyautey, peu avant le retour d'exil du roi Mohammed V. Le commanditaire du meurtre finance des groupes d'extrême-droite. Le principal actionnaire de son « établissement de plaisir » est un pacha hostile au sultan légitime. Tito Topin recrée autour du meurtre de l'avocat l'atmosphère enfiévrée du Maroc, au milieu des années cinquante. Pour les Marocains, c'est l'exaltation de l'indépendance enfin reconquise, l'explosion de joie populaire qui accueille le retour d'exil du souverain. Pour les «pieds-noirs», un monde s'écroule. Tito Topin décrit les soldats français et les marins américains qui s'enivrent dans une boîte à matelots. Ce qui l'intéresse, c'est la prochaine passation des pouvoirs entre policiers français et policiers marocains. En attendant, «les flics s'emparaient d'un jeune Arabe. Les matraques s'abattaient comme s'il pleuvait du caoutchouc.» lepetit était un avocat libéral. Son assassinat réjouit donc le policier Garotte qui ne s'en cache pas devant son successeur marocain ; il ne dénoncera pas le meurtrier. Pour une vision plus apaisante il faudra se reporter aux mémoires d'Edgar Faure (Si tel doit être ton destin ce soir, Plon,1984 ) plutôt qu'aux romans de Topin. Après tant de témoins qui se sont exprimés sur l'ampleur de l'allégresse populaire lors du retour de Mohammed V, voici donc Tito Topin dans Piano Barjo : « le Sultan ne passerait pas avant la fin de l'après-midi, mais des centaines de milliers de Marocains avaient pris place aux premières lueurs du jour, piétinant ceux qui avaient dormi à même le trottoir pour occuper les premières loges et acclamer leur héros. Si l'on pense le commissaire Idriss intraitable pour dénoncer la machination de Jo Lanucci, patron de boîte de nuit, contre Me Lepetit, l'on est vite détrompé : « –Combien ? demande-t-il .Le commissaire se réfugie derrière un nuage de fumée.—Dix pour cent sur toutes vos affaires. » Mais les derniers mots de Piano Barjo : «La joie éclatait », évoquent la joie du l'auteur. 55 de fièvre sous le n° 1905 de la Série Noire évoque Casablanca quelques mois avant les événements décrits dans Piano Barjo. Amoureux d'une jeune femme qui a été violée par un homme bénéficiant de la protection du Contrôleur civil, haut fonctionnaire du Protectorat, Manu est un animal blessé qui voudrait se venger. Tito Topin en revient à ce qui constitue le thème lancinant de 55 de fièvre, l'indépendance du Maroc. Cet écrivain a encore des comptes à régler avec ses souvenirs. Et c'est une chance pour les lecteurs. Sa mémoire n'est pas seulement politique ; elle est aussi olfactive, sensible : «Tu regardes le marchand de beignet, il jongle avec sa pâte, en détache un morceau qu'il fait rouler autour de son doigt, le plonge dans l'huile qui frétille de plaisir» C'est une certaine idée du bonheur que Tito Topin veut sauver dans ses textes malgré les lâches et les cruels, dont il décrit les manigances avec le soin d'un profileur de profiteurs. Son talent de conteur et sa fidélité à sa jeunesse marocaine se retrouvent dans le Cœur et le chien paru chez grasset en 1985. La lecture de ces livres s'inscrivant dans la récente histoire du Maroc nous renvoie à un autre livre de Tito Topin que nous espérons vous donner envie de lire également et au titre joliment évocateur: Le jinome de Casablanca. Casablanca Rencontre : Fernando Pessoa Une traduction en arabe de «Nouvelles choisies» de l'écrivain portugais Fernando Pessoa, sera présentée aujourd'hui à 16 heures à la faculté des Lettres et des sciences humaines de Aïn Chock à Casablanca. Demain, jeudi 25, c'est le Centre culturel portugais abritera la même manifestation. Faculté des Lettres et des sciences humaines- Aujourd'hui 16 heures.
Agadir - Exposition : Camus A l'occasion du 50e anniversaire de la mort d'Albert Camus, une exposition originale écrite par José Lenzini et mise en page par la Librairie Gaïa retrace la vie de cet écrivain, dramaturge, essayiste et philosophe français. L'exposition se poursuit jusqu'au 3 avril dans le hall de l'Institut français d'Agadir. Institut Français-jusqu'au 3 avril. El Jadida - roderies : Hafsa El Hassani El Jadida - roderies : Hafsa El Hassani L'alliance franco-marocaine d'El Jadida abrite à partir du vendredi 26 mars à 16 heures une exposition de broderies de Hafsa El Hassani. Les éléments qui distinguent une broderie d'une autre sont souvent la technique, les motifs et les couleurs. Les visiteurs de cette exposition seront donc amenés, à travers cette intervention, à déceler les aspects techniques de cet art féminin par excellence. Alliance franco-marocaine-Vendredi 26 mars-16 heures. Kenitra - Exposition : Rajae Saïss Invitée dans le cadre de notre célébration de la Journée internationale des femmes et de la manifestation littéraire Le français dans tous ses états, Rajae Saïss donne à voir un autre aspect, talentueux, des voix/es de femmes. Artiste de Kenitra aux multiples facettes, elle peint l'énigme et le mystère. Ceux d'êtres flottants fragiles et évanescents. Espace Balzac Jusqu'au 3 avril.