Il peut paraître absurde de parler d'hégémonie pour la finale d'un tournoi du Grand Chelem, qui a été disputée jusqu'au dernier point et qui a duré près de 6h. Mais le triomphe du Serbe Djokovic sur Nadal à l'Open d'Australie 2012 relève de l'ordre de l'évidence. Certes, Nadal a fait preuve d'une énorme combativité et s'est retrouvé – à plusieurs reprises – à deux doigts de faire basculer la partie en sa faveur. Cependant, sa déroute était inévitable car voilà près d'un an que Rafa ne trouve pas la parade pour déjouer Djoko. La finale de Melbourne vient s'ajouter à la liste des 6 finales que l'Espagnol a perdues face au Serbe, sans jamais réussir à prendre la mesure de son rival. Et si le Majorquin a mieux résisté cette fois, en comparaison aux finales de l'US Open ou de Wimbledon l'été dernier, c'est que Djokovic était beaucoup plus prenable qu'en ces deux confrontations. La « méforme » du Serbe relève principalement du marathon qu'a été sa demi-finale face à Andy Murray, qui a duré 5 h. Par ailleurs, outre la fatigue engendrée par cette rencontre, Djokovic n'est pas encore revenu, depuis sa blessure, à son meilleur niveau, celui du milieu de l'année 2011, où son jeu était bien plus incisif. Sur le papier donc, la finale était à la portée d'un Nadal, fort de sa victoire face à Roger Federer. Mais c'est oublier que c'est dans le jeu que se décide l'issue d'un match. Le réalisme des deux protagonistes sur les occasions de break a retardé la victoire du N°1 mondial. Nadal a remporté à 4 reprises, sur 6 possibles, le service de son adversaire (66%). Djokovic en a gagné 6 sur 20, soit seulement 35%. Mais dans les autres compartiments du jeu, l'Espagnol était dans le rouge. Et il est très difficile de s'imposer, à un tel niveau, quand on fait moins de coups gagnants que son adversaire (44 pour Nadal / 57 pour Djoko) et que dans le même temps on commet plus de fautes directes que lui (71 contre 69). Une stratégie déjouée Mais la clé de cette finale fût, sans aucun doute, la qualité du retour de service du Serbe. « Il a été incroyable, je n'ai jamais vu ça », a affirmé Rafa en fin de match. Pour contrer cette force de Djokovic, Nadal devait se concentrer ses efforts sur ses 1ères balles de service, sachant qu'il serait trop exposé sur ses secondes balles. Résultat, le Majorquin n'a réussi, sur l'ensemble de la partie, que 45 % de ses points gagnants sur son 2ème service, mettant à mal ainsi sa stratégie et donnant à l'adversaire l'occasion de faire le trou. Et tant que Rafael Nadal ne corrigera pas cette lacune, il restera à la merci de Novak Djokovic.