L'eau, c'est la vie sur Terre. Hier, 22 mars, le monde entier célébrait cette denrée précieuse. Mais avez-vous imaginé, ne serait-ce que quelques minutes, ce qui adviendrait de vous, si vous en manquiez ? «Sans eau, l'organisme constitué à la base de 60% d'eau est, tout simplement, exposé à une déshydratation. Elle est graduelle, selon la masse corporelle, mais la catégorie la plus vulnérable reste celle des enfants de moins de 5 ans et des personnes âgées», répond le Pr. Jaâfar Heikel, épidémiologiste, spécialiste en maladies infectieuses. La «sécheresse du corps» tue à petit feu, et ce sont les plus faibles au point de vue immunitaire qui en paient le prix, en premier. L'expert international en Management Sanitaire explique que la déshydratation entraîne des conséquences dramatiques sur les principales fonctions de l'organisme liées principalement à l'apport sanguin : les reins, le foie, le cœur et le cerveau. «Notre organe de coordination, c'est le cerveau. Il a besoin entre autres de glucose, d'eau et d'oxygène pour assurer sa fonction. Dès que les fonctions vitales ne fonctionnent plus, c'est le coma, puis le décès», indique le Pr. Jaâfar Heikel. Et de rappeler que toute personne de constitution normale médiane (indice de masse corporelle, bon état de santé) a besoin d'une quantité d'eau quotidienne de 1,5 à 2 litres. Une condition sine qua non pour le maintien de l'équilibre du corps, et donc la compensation des pertes quotidiennes. Il ne faut pas oublier que, chaque jour, l'organisme dépense plus d'un litre d'eau (corporelle) à travers l'urine, et la même quantité en sueur, selles et respiration. Des pertes d'eau amplifiées par d'autres conditions : la chaleur, l'effort physique, l'allaitement, la maladie… L'eau, lorsqu'elle n'est pas saine, devient un facteur de transmission de maladies graves Bref, vous l'avez compris, l'eau est le carburant de votre organisme. Encore faut-il souligner que l'eau, dont il est question, doit remplir un critère essentiel : être saine à 100%. L'eau de la nature ne l'est pas, contrairement à ce que certains pensent. Elle contient des microbes, des bactéries, des virus, mais aussi des substances rejetées, entre autres, par les activités humaines, dont les pesticides, le plomb et les déchets industriels, etc. Le Pr. Jaâfar Heikel tient à souligner à quel point il est important de veiller à la qualité de cette denrée avant toute utilisation : «L'eau de consommation doit être traitée et contrôlée, une tâche que remplit avec rigueur l'ONEP au Maroc. Et, pour cause, l'eau naturelle présente des risques chimiques, physiques et biologiques». L'expert en épidémiologie est catégorique, car l'eau non traitée s'apparente à un poison ou, du moins, à un risque certain pour la santé. Un sérieux problème qui se pose là où l'accès à l'eau potable fait défaut, le milieu rural en particulier où la principale source d'eau reste les puits communautaires. «Le ministère de la Santé dispose d'un programme hygiène du milieu de surveillance épidémiologique des sources d'eau communes, ayant pour but de prévenir les maladies à transport hydriques, en effectuant des prélèvements et les traitements nécessaires. L'analyse montre, ensuite, si oui ou non l'eau est potable». Action déterminante, l'eau, lorsqu'elle n'est pas saine, devient un facteur de transmission de maladies graves. Choléra, typhoïde, hépatite A et E, fièvre jaune et diarrhée. L'eau contaminée est donc un danger constant quelle que soit son utilisation. «Au Maroc, nous n'avons plus de choléra, depuis plus de dix-huit ans, mais nous avons encore des cas de typhoïde, de TIAC (toxi-infections alimentaires collectives) et d'hépatites A», affirme le Pr. Jaâfar Heikel. Et de préciser qu'à l'heure actuelle, il n'existe pas de données scientifiques pouvant apporter des estimations quantitatives et qualitatives certaines sur ces maladies à transport hydrique, au plan national. «Il y a un système de surveillance épidémiologique au sein des structures de santé publiques seulement. Pour disposer de données précises, connaître la fréquence de ce type de maladies, leurs sources et les risques qu'elles entraînent, il faut qu'il y ait un système de surveillance dans le privé également». Ce n'est pas uniquement d'un constat qu'il s'agit, c'est aussi d'une urgence nationale. Une eau contaminée, c'est un univers souillé, une véritable pépinière de maladies dites des «mains sales». Elles prolifèrent là où hygiène et salubrité font défaut. Parmi les infections les plus répandues, la salmonellose sévit encore au Maroc. La contamination par la salmonellose se fait par voie digestive, en consommant des aliments contaminés crus ou peu cuits : lait, viande, œuf ou préparation à base d'œufs crus (sauce mayonnaise, crème fraîche, pâtisseries…), coquillage… Résultats : des infections intestinales et toxico-infections. Pourtant, il est simple d'éviter des dégâts de ce type. Il suffit d'adopter les bonnes pratiques, de n'utiliser que de l'eau saine pour toute action de consommation. «On ne répétera jamais assez que se laver les mains avec une solution liquide ou n'importe quel savon est capital !», martèle le Pr. Jaâfar Heikel, qui rêve toujours du jour où l'on viendra le consulter non pas pour traiter des maladies mais pour les prévenir. Conseils :Des petits gestes si précieux Les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) n'auraient jamais existé si les règles d'hygiène étaient une pratique. Le Pr. Jaâfar Heikel vous propose des petits gestes qui, en échange d'une volonté, vous rapporteront un précieux inestimable : la santé ! Education à la propreté, le mot clé est bien celui-là. Tous les produits qui se consomment crus surtout (fruits et salades), doivent être nettoyés avec de l'eau contenant une petite goutte d'eau de javel puis rincés pendant 10mn. Tout aussi indispensable, le Pr. Jaâfar Heikel recommande aux consommateurs de vérifier la date limite de conservation (DLC) des aliments, ainsi que la date limite de leur utilisation optimale (DLUO) garantissant la fraîcheur, le goût, la saveur et l'innocuité du produit. Autre règle d'or : l'action de la préparation ou encore «le process». Les processus de fabrication à la maison comme partout ailleurs doivent avoir pour point commun : hygiène de A à Z du matériel, du lieu de préparation, des employés… Dernier élément : la conservation. Pour éviter tout risque de contamination par l'eau, il faut la chauffer à 85°C (à plus de 65°C la majorité des microorganismes sont tués). Et pour les aliments frais, veillez à respecter le degré de réfrigération pour chaque type d'aliments. Les produits laitiers, les préparations à base de charcuterie ou de viande hachée entre autres, ne doivent pas être conservés à plus de 10°C. Alors, quand vous entrez dans une laiterie, pensez-y !