Dabateatr élargit son éventail d'activités culturelles en créant un nouveau concept, La3bodaba,une plate-forme ludique et expérimentale au profit de la scène artistique émergente. Rencontre avec Jaouad Essounani, un des initiateurs de ce projet. Dabateatr asseoit de plus en plus sa réputation d'institution culturelle pluri-disciplinaire, et s'implique davantage dans la culture de quartier. Après le franc succès de Dabateatr Citoyen au cours des trois années précédentes, organisé en partenariat avec l'Institut français de Rabat, la compagnie lance La3bodaba, un laboratoire « sérieusement ludique » (« Labo » et « La3bo », ou laboratoire et jeu), qui prône la fusion entre artistes du Moyen-Orient et du Maghreb, et les jeunes talents marocains. Jaouad Essounani, comédien, metteur en scène et directeur artsitique de Dabateatr, nous éclaire sur les démarches de cette nouvelle initiative artistique, en partenariat avec le Goethe-Institut de Rabat. En quoi consistent les activités de La3bodaba ? C'est une résidence de trois semaines organisée tous les mois, suivie de trois jours de programmations qui incluent débats, spectacles et représentations diverses. Le ou les artistes invités mèneront leur travail sur un thème qu'ils choisiront eux-mêmes, et s'octroyeront la liberté de choisir les artistes locaux qu'ils voudront impliquer dans leurs démarches. Ils auront la liberté de se ballader dans nos 48 ateliers pour s'imprégner du travail des autres, et de collaborer avec les talents ou les artistes de leur choix. Les résidences auront lieu au Goethe Institut de Rabat, et les programmations se tiendront dans les différentes écoles et associations de Rabat. En hommage à la révolution de jasmin, la résidence de janvier implique la participation d'artistes tunisiens. Qui sont-ils ? A l'occasion de l'anniversaire de la révolution tunisienne, nous avons voulu rendre hommage à la scène artistique tunisienne, en invitant les musiciens et comédiens Lobna Noomene et Mahdi Chakroun. J'ai rencontré lobna lors d'une tournée d'une de mes pièces Hassan Cliché. A l'époque, je l'avais découverte en tant que chanteuse et c'est elle qui m'a présenté d'autres musiciens dont Mehdi Chakroun, avec lequel elle forme le groupe Hess, un groupe de fusion et de musique de patrimoine. Vous avez décidé de maintenir les activités de Dabateatr Citoyen, aux côtés de celles de La3bodaba. Pourquoi cette décision ? L'idée est de créer une vraie dynamique dans une ville, celle de Rabat, et d'initier un véritable parcours pédagogique et culturel. Nous souhaitons réaliser de petits projets, mais qui survivent dans la durée. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'au côté des résidences et des rendez-vous culturels, nous organisons 48 ateliers, dont 12 dans la ville de Rabat, où les artistes travaillent étroitement avec les citoyens, enfants et adultes. Ces ateliers contribuent à éduquer leur imagination et leur intelligence. Selon moi, ils sont le socle de nos démarches, et mon coup de cœur personnel. Grâce à nos 11 jours de représentations par mois ; 6 jours avec Dabacitoyen, 1 jour avec Daba36 au Boutleg, 1 jour avec Daba Off au Pietri de Rabat et 3 jours avec La3bodaba, nous visons à asseoir de plus en plus la culture de proximité. Parmi toutes vos activités, quelle est celle qui attire le plus d'engouement chez les Marocains ? L'khbar F'lmasrah, sans doute. C'est une activité qui a trait à notre quotidien et aux sujets qui nous préoccupent. De plus, son intérêt réside dans le fait qu'elle implique les citoyens, dans le sens où ce sont eux qui écrivent les textes joués par les comédiens. Chaque week-end, des citoyens de toutes les villes du Maroc se déplacent pour participer à un atelier d'écriture présidé par notre metteur en scène. Vous êtes constamment à la recherche de jeunes talents, issus de toutes les disciplines artistiques. Que pensez-vous de ces talents émergents ? On trouve de tout, des amateurs aussi bien que des professionnels, et je suis constamment supris par leur volonté. J'aime l'idée d'offrir un tremplin à ces jeunes, même avec de petits moyens. Si nous ne les aidons pas, qui le fera ? Nous ne sommes pas dans l'évènementiel et nous ne cherchons pas à promouvoir les têtes d'affiche. Nous voulons réaliser un travail approfondi et pertinent qui aide à la création, à long terme.