Président du think-tank Conseil pour le développement et la solidarité et initiateur du Forum de Rabat, Mohammed Benamour revient sur les objectifs et les dimensions multiples de cet événement. Mohammed Benamour souhaite pérenniser cet évènement afin qu'il devienne un rendez-vous annuel. C'est l'évènement de la fin de ce mois de janvier dont les médias commencent à parler avec insistance, le qualifiant de « Davos africain ». Organisé à l'initiative du think-tank Conseil pour le développement et la dolidarité (CDS, www.cds-online.org ), le Forum de Rabat (www.forumderabat.com) devrait réunir, le 25 de ce mois, près de 300 capitaines d'industrie et décideurs africains, afin de plancher sur l'intégration régionale, sous un prisme résolument pragmatique et orienté vers le business. Le Président du think-tank, Mohammed Benamour, opérateur reconnu pour son implication dans la stratégie touristique (il dirige Palace et Tradition, KTI), nous dévoile, dans cet entretien, les dessous de ce grand rendez-vous africain. Votre think-tank, le CDS, regroupe un nombre impressionnant d'opérateurs en son sein, mais reste assez méconnu du grand public. Pouvez-vous nous expliquer sa vocation ? Le CDS est une organisation citoyenne créée en 2008, qui souhaite apporter une contribution substantielle à la production de connaissances au Maroc, notamment sur les grands sujets stratégiques, qui méritent qu'on les examine avec attention. Pour ce faire, nous avons pu réunir un certain nombre de décideurs et de leaders d'opinion au sein du CDS, afin qu'ils réfléchissent, en toute indépendance, à ces sujets, et y apportent leur savoir-faire et leur expérience. Ainsi, les membres du CDS participent à ce think-tank, à titre personnel, et ôtent leur casquette institutionnelle dès qu'ils sont au sein du centre ; ce qui confère une grande liberté de parole et permet de traiter certains sujets sous des angles innovants. Concrètement, quel est l'apport que vous souhaitez donner à la réflexion stratégique marocaine ? Nous traitons plusieurs axes, mais avons décidé, dans notre « programmation », de commencer par un sujet national absolument fondamental : celui des villes nouvelles, pour lequel nous avons effectué un travail considérable, avant de nous réunir à Rabat au printemps dernier. Cette réflexion quasi « doctrinale » sur l'articulation des villes nouvelles et leur projection dans l'espace et le temps a été saluée de manière quasi unanime par toutes les parties concernées, qui ont estimé qu'il s'agissait là de la contribution la plus importante sur le plan intellectuel, depuis près de vingt ans. Sous peu, le résultat de nos travaux devra d'ailleurs faire l'objet d'un livre blanc, en cours de réalisation. Le second axe est la projection stratégique du Maroc en Afrique, que nous traitons, cette année 2012, et pour laquelle le forum de Rabat doit être l'événement fondateur. Justement, qui a eu l'idée de lancer cette thématique ? Je dois ici rendre hommage au Président de la commission internationale du CDS, Moulay Hafid Elalamy, qui a fait un travail considérable pour que l'Afrique soit au cœur du débat au sein du CDS, et sa commission qui a produit nombre de travaux durant l'année 2011. M. Elalamy a réussi à nous convaincre que l'Afrique était devenue un sujet éminemment national pour le Maroc, puisque nos destins mêlés avec le continent, tant sur le plan politique qu'économique, nécessitent que l'on se penche sur le sujet, de manière différente, mais dans un esprit de co-dévelopemment véritable , où l'on examine avec tous nos partenaires les pistes pour améliorer notre cohésion spatiale et géographique, ainsi que notre complémentarité économique. Ces convictions forgent l'esprit de Rabat, que nous souhaiterions voir souffler sur le forum du 25 janvier. Comment avez-vous pu convaincre autant de personnalités africaines de venir à Rabat le 25 janvier, précisément au moment où se déroule le Forum de Davos ? Le comité de pilotage du forum, mis en musique par Moulay Abdelmalek Alaoui, a effectué un travail considérable, en amont, (d'identification des acteurs, de ciblage…) et a pris sur lui de convaincre un à un les stars du business africain, afin de leur montrer l'importance de leur présence à rabat. La même démarche a été appliquée pour les partenariats médias, ce qui nous permet aujourd'hui d'affirmer que le Forum de Rabat est l'événement sur l'Afrique qui a le plus de médias internationaux et nationaux partenaires. Sur le volet finance et banque des panels, qui est assez technique , nous avons pu avoir le concours précieux de Hafid El Fassy, un banquier d'affaires avec beaucoup d'expérience, qui a mis son réseau au service du CDS. Enfin, sur la partie culture et médias des panels, je dois saluer l'apport de Mostapha Mellouk, que chacun connaît, et qui a travaillé de manière infatigable pour que cet événement soit à la hauteur. Souhaitez-vous pérenniser l'événement ? Vous savez, le Forum de Rabat a été rendu possible grâce à une implication citoyenne de certains membres du CDS et au concours financier de personnes privées, c'est-à-dire qu'aucun sponsor institutionnel n'a été mis à contribution. Cette méthode de fonctionnement permet de garder une grande indépendance, mais peut, par la suite, montrer ses limites si l'on souhaite garder le même niveau d'ambition. A ce stade, bien entendu, nous souhaitons que cet évènement s'installe et devienne un rendez-vous annuel. Reste à définir de quelle manière, car tous les membres de l'équipe d'organisation vont certainement prendre des vacances, pendant un mois ; au vu des efforts qu'ils ont fourni - encore une fois, gracieusement -, au nom d'une conviction absolue : celle que le Maroc ne peut échapper à son destin africain.