Entre grève et conflit ethnique, le Nigéria peine à trouver une sortie de crise.Une situation qui se répercute peu à peusur les pays voisins. La grève générale a repris hier au Nigeria. A l'origine de la colère des Nigérians, la hausse du prix du carburant, due à la suppression d'une subvention sur le carburant, notamment depuis le 1er janvier. Un problème qui n'a pas été résolu par les négociations entre les syndicats et le gouvernement. Sous la pression de la rue, le président, Goodluck Jonathan, a fini hier par lâcher du lest, en faisant baisser d'environ 30% le prix du carburant. « Le gouvernement va poursuivre la dérégulation du secteur pétrolier. Cependant, compte tenu des difficultés rencontrées par les Nigérians, et après considération et consultations (…), le gouvernement a approuvé la réduction du prix du carburant à la pompe », a-t-il indiqué dans un communiqué publié hier. Sous la pression de la rue, le président, Goodluck Jonathan, a fini hier par lâcher du lest, faisant baisser d'environ 30% le prix du carburant. Une grève sans manifestations De leur côté, les syndicats ont eu un geste d'apaisement en reconduisant l'appel à la grève, mais sans rassemblements, cette fois-ci. « Nous avons suspendu les manifestations de rue », a expliqué à la télévision Abdulwahed Omar, le chef de la puissante centrale syndicale, le Nigeria Labour Congress (NLC). La raison de cette concession est surtout sécuritaire. « Nous sommes arrivés à la conclusion que nous devons rester à la maison, éviter de descendre dans les rues, pour être certains de ne pas mettre en danger des vies innocentes, en raison de la situation sécuritaire dans le pays », a justifié le dirigeant syndical. Tensions ethniques Lors des négociations, le président aurait indiqué avoir «de graves informations en matière de sécurité», indiquant que des éléments extérieurs au mouvement syndical pourraient tenter de dévoyer la grève. Outre les heurts avec la police, qui ont fait une quinzaine de morts et des centaines de blessés, le Nigeria est aux prises avec un conflit interconfessionnel et des attentats revendiqués par la secte islamiste Boko Haram, qui ont fait près d'une centaine de morts depuis Noël. Malgré cette promesse des syndicats, certains leaders de mouvements ont appelé à descendre dans la rue, cette semaine, pour poursuivre le mouvement. Ainsi, des centaines de manifestants se sont tout de même rassemblés hier à proximité de Lagos. En réaction, des soldats armés sont intervenus pour disperser les manifestants réunis. Pour de nombreux manifestants engagés dans la grève, la baisse de 30 % promise par le président est insuffisante. Leurs revendications n'ont pas changé : ils exigent le rétablissement du prix initial du litre d'essence, à leur niveau d'avant le 1er janvier. Le bras de fer continue. Effet tâche d'huile Le Nigeria est le premier pays producteur et premier exportateur de pétrole brut d'Afrique. En conséquence, la hausse du pétrole au Nigéria se répercute sur les pays voisins, notamment au Bénin, en Tanzanie ou encore au Centrafrique. Les cours mondiaux du pétrole ont d'ailleurs monté en fin de semaine dernière, en raison des craintes touchant à la production du Nigeria, qui est de l'ordre de deux millions de barils par jour (bpj). Un arrêt de la production de ce pays ferait grimper un peu plus les cours, estiment traders et analystes.