Deuxième jour de la grève générale décrétée par les syndicats. En cause, l''arrêt de la subvention de l'essence, qui a engendré un doublement des prix. Le tension reste vive, dans un contexte marqué par des incidents intercommunautaires. La grogne des consommateurs nigérians s'intensifie. Ils sont, de nouveau, descendus, mardi, dans les rues des principales villes du pays, pour battre le pavé. La grève générale décrétée par les syndicats, depuis lundi, est très suivie et paralyse le pays. «Trop, c'est trop, nous disons non ! Nous sommes fatigués !», scandaient quelques manifestants, ce mardi. Les Nigérians ont massivement répondu à l'appel des syndicats. Ils étaient des centaines à crier leur ras-le-bol et leur frustration au deuxième jour de cette grève générale. Alors que le pays figure parmi les grands producteurs de pétrole sur le plan mondial, avec plus de 2 millions de barils/jour, la hausse vertigineuse des prix du carburant est simplement impensable aux yeux de sa population. En cause, la suppression par le gouvernement central de la subvention sur l'essence. Cette mesure permettait de réduire le prix du carburant à la pompe, car le Nigeria, malgré son statut de membre de l'OPEP, importe également de l'essence pour sa propre consommation, faute de raffinerie. Aller jusqu'au bout «La subvention sur l'essence est le seul petit avantage que l'on avait à être un pays producteur de pétrole. Le gouvernement nous la supprime d'un coup, et il voudrait que l'on acquiesce ? Non, pas question ! On ira jusqu'au bout du combat !», s'est indigné l'un des manifestants. «Il y a tellement de frustration, tellement de colère. Je pense que ça n'est que le début des problèmes que nous avons vus dans les pays arabes. C'est comme ça que ça a démarré en Tunisie. Il y avait de la colère, un homme s'est immolé par le feu, et c'est à cause de ça que nous avons eu le Printemps arabe. Les Nigérians sont prêts à payer de leur vie, à affronter leurs dirigeants», expliquait un autre. Cette démarche des consommateurs nigérians a notamment pour but de dénoncer la corruption qui gangrène l'appareil de l'Etat, puisque la manne pétrolière ne profite qu'à une minorité dans ce pays de 160 millions d'habitants. «Pas question que l'on paie pour les erreurs de nos dirigeants ! Nous allons les affronter», pouvait-on entendre. Certains ont brûlé des pneus dans la rue, d'autres brandissaient des pancartes et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : «Dites non à la corruption ! Dites non à Badluck Jonathan !», faisant un jeu de mots avec le nom du chef d'Etat nigérian Goodluck Jonathan. «Nous ne suspendrons pas la grève avant que le gouvernement n'entende la voix de la raison et revienne sur sa décision. Nous appelons les Nigérians à persévérer, car la victoire est au bout», a indiqué Daniel Ejiofor, un des leaders du mouvement. Les différents syndicats ont d'ores et déjà prévenu que le mouvement de grève était d'une durée indéterminée. Cependant, des heurts ont eu lieu entre policiers et manifestants de certaines villes. Le bilan établi par les autorités fait état de 5 morts, pour la seule journée du lundi. Corruption La situation reste très sensible, car ces manifestations surviennent alors que le pays est frappé par une vague d'attentats perpétrés par la secte islamiste Boko Haram, qui revendique la séparation du Nigeria entre le nord musulman et le sud chrétien.Compte tenu de l'escalade que pourraient engendrer ces manifestations, la communauté internationale a appelé le peuple nigérian à la retenue. Par ailleurs, cette situation a aussi quelques répercussions sur le Bénin, où de nombreux vendeurs de carburant se ravitaillent au Nigeria. Au lendemain de la grève générale lancée par les syndicats nigérians, le prix du litre est passé de 400 Fcfa( moins d'un euro) à 900 Fcfa( plus de 1,50 euros).