Un attentat suicide qui a éventré le siège des Nations unies à Abuja a fait au moins dix-huit morts vendredi, selon la police, l'une des pires attaques de ce type menées contre l'ONU. L'attaque a été revendiquée dans la soirée par un homme affirmant parler au nom de la secte islamiste nigériane Boko Haram. L'explosion, selon des témoins et la police, a eu lieu après qu'une voiture eut forcé son passage à travers le dispositif de sécurité et percuté l'entrée de l'immeuble, dont la façade a été soufflée. Le responsable de la police à Abuja, Mike Zuokumor, a indiqué que dix-huit personnes au moins avaient été tuées. "Pour l'instant, nous avons 18 morts et 8 blessés", a-t-il déclaré dans l'après-midi. "Le kamikaze est mort sur le coup", a-t-il ajouté. Une radio nigériane a rapporté qu'au moins 60 personnes avaient été admises à l'hôpital national d'Abuja. "Je n'ai jamais rien vu de tel depuis 25 ans que que suis médecin", a déclaré un docteur sur place, jugeant la situation "accablante". Des proches de victimes étaient à l'hôpital. Une mère dont la fille a été blessée a refusé de parler aux journalistes. "Nous devrions nous joindre à ses prières pour que sa fille survive à l'attaque", a dit une femme qui tentait de la consoler. Un homme affirmant être un porte-parole de la secte islamiste nigériane Boko Haram, responsable de nombreuses attaques mortelles, essentiellement dans le nord du pays, a revendiqué l'attentat. Ses propos ne pouvaient être vérifiés de source indépendante. Les experts ont estimé récemment qu'une série d'indices faisaient craindre l'existence de liens entre Boko Haram et des groupes extérieurs, notamment la branche maghrébine d'Al-Qaïda, AQMI. De nombreux Nigérians et expatriés travaillaient au siège de l'ONU abritant plusieurs agences dont l'Unicef, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Une Norvégienne de 30 ans compte parmi les morts, a indiqué le gouvernement norvégien. Des blessés ont été évacués, à l'aide de grues et d'échelles, du bâtiment dont la façade en partie écroulée dévoilait l'intérieur des bureaux et un amas de câbles et barres métalliques. L'ONU a été frappée ces dernières années par plusieurs attaques sanglantes à travers le monde et celle de vendredi vient s'inscrire parmi les pires. La S.G. adjointe de l'ONU à Abuja Dépéchée par son chef Ban Ki-moon après l'attentat suicide qui a fait au moins 19 morts vendredi matin dans la capitale nigériane, Mme Asha-Rose Migiro devait rencontrer des survivants et s'entretenir avec le président nigérian Goodluck Jonathan dans la journée, selon un porte-parole, Martin Dawes. L'attaque ne fera que "renouveler notre détermination à combattre le terrorisme dans toutes ses ramifications", a déclaré Mme Migiro en arrivant à Abuja tard samedi soir. Le responsable de la sécurité des Nations unies, Gregory Starr, également arrivé à Abuja, rencontrait dans la matinée l'équipe de l'ONU au Nigeria. M. Starr doit enquêter sur les conditions de l'attaque, menée par un kamikaze en voiture qui est parvenu à franchir deux portails gardés avant de faire éclater ses explosifs en percutant la façade de l'immeuble où travaillaient environ 400 personnes pour de nombreuses agences onusiennes. Un porte-parole onusien à New York a indiqué que le kamikaze était parvenu à passer deux postes de sécurité, se demandant comment cela avait été possible. Il a ajouté que le responsable de la sécurité de l'ONU avait été dépêché à Abuja pour enquêter. Condamnations de partout A New York, le secrétaire général de l'organisation Ban Ki-moon a condamné cet attentat "abominable", déclarant s'attendre à des pertes "considérables". "C'est une agression contre ceux qui ont mis leur vie au service des autres. Nous condamnons vigoureusement cet acte abominable", a-t-il dit à des journalistes. Du personnel de 26 agences de l'ONU se trouvait sur place lors de l'explosion, selon M. Ban. Le président américain Barack Obama a "fermement" condamné l'attentat "horrible et lâche" et estimé que s'en prendre aux personnels de l'ONU illustre la "faillite de l'idéologie qui a conduit à cet acte de haine". L'Union européenne, Londres, Paris et Alger ont également condamné l'attaque, tout comme le président nigérian Goodluck Jonathan qui a assuré que tous les efforts seraient déployés pour "traduire les auteurs devant la justice". Interpol a proposé de déployer une équipe spécialisée dans l'identification de victimes.