Le tant attendu cabinet Benkirane est désormais formé, ses 31 ministres nommés par le roi. La plupart des départements de souveraineté ont été « politisés », comme c'est le cas pour l'Intérieur et les Affaires étrangères, mais ils restent sous haute surveillance. La composition du trentième gouvernement au Maroc a, enfin, été révélée. Le premier Exécutif dirigé par le secrétaire général d'une formation au référentiel islamiste est désormais complet. Mardi, au palais royal de Rabat, les 31 ministres du cabinet Benkirane ont défilé devant le roi. Pour certains, notamment les PJDistes, c'est la première fois que leurs pieds foulent la salle du trône. Une consécration, comme c'est le cas de Mustapha Ramid, l'avocat des détenus salafistes, désormais à la tête du département de la Justice et des libertés publiques. Sa candidature était au cœur d'une polémique alimentée par de possibles réserves du Palais. Certains PJDistes accusent les «frères» de l'Istiqlal d'en être les instigateurs, lézardant la charte de la majorité, signée le 16 décembre entre les chefs du PJD, du PI, du MP et du PPS. Une seule femme En harmonie avec son référentiel conservateur, Benkirane n'a guère laissé de place aux femmes. Sur les 27 ministres que compte son gouvernement, la gente féminine n'est représentée que par la seule Bassima Hakkaoui, titulaire du maroquin de la Solidarité et de la famille, contre sept au précédent cabinet d'Abbas El Fassi. Une ministre conservatrice, comme l'est d'ailleurs son supérieur hiérarchique ayant fait campagne, au même titre que le MUR et la jeunesse du PJD, contre les récentes levées des réserves du royaume sur les articles 9 et 16 la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Retour en force de Mohamed El Ouafa Ambassadeur du royaume en Inde et au Brésil, Mohamed El Ouafa, longtemps absent du Maroc, opère un retour en force sur la scène politique. Cet istiqlalien est fortement pressenti pour succéder à Abbas El Fassi, au 13 congrès du parti, prévu – sauf coup de théâtre – en 2013. Le clan Marrakechi au sein du PI mise beaucoup sur le tout nouveau ministre de l'Education nationale. Une nomination-surprise et une consécration pour ce marrakechi, au détriment de Abbas El Fassi qui voit ses plans de placer son gendre Nizar Baraka à la tête de la Balance prendre de l'eau. Ahmed Taoufiq reste aux Habous Ahmed Taoufiq a manifestement la baraka. Il rempile pour la troisième fois consécutive. Les chefs de gouvernements changent, mais lui reste droit dans ses bottes à la tête du ministère des Habous et des Affaires islamiques. Benkirane a laissé ce département au Palais, le roi étant Amir Al Mouminine. Le nom de Mohamed Abadi, actuel président de la Rabita mohammadia des oulémas, était cité pour succéder à Taoufiq. Rien de tel ! Sa proximité avec le PJD a manifestement nui à ses chances de prendre le marqouin des Affaires islamiques. Les technocrates 48 heures après sa démission du RNI, Aziz Akhannouche se voit récompenser par le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime. Ce n'est guère une surprise. Depuis sa nomination pour former un gouvernement, Benkirane a parié sur Akhannouch pour rejoindre son équipe. Des calculs politiques sont à l'origine de ce pari désormais gagné par les deux. Akhannouch occupe ce département en sa qualité detechnocrate, au même titre que Driss Dahak, secrétaire général du gouvernement, Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des affaires islamiques, Abdellatif Loudiyi, ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé notamment de l'Administration de la défense nationale. Des départements sous surveillance S'il ont été politisés, certains départements dits de souveraineté, comme l'Intérieur, qui est finalement revenu à M'haned Laenser du Mouvement populaire, ou les Affaires étrangères, accordé à Saad Eddine El Othmani, restent sous contrôle ; du moins d'un point de vue technique. En témoigne la nomination de Cherqui Draiss, le désormais ancien patron de la police, en tant que ministre délégué à l'Intérieur, et de Youssef Amrani en tant que ministre délégué aux Affaires étrangères. La liste des ministres du trentième gouvernement Abdelilah Benkirane (PJD) : chef du gouvernement Abdellah Baha (PJD) : ministre d'Etat sans portefeuille Saad-Eddine El Othmani (PJD) : ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Mustapha Ramid (PJD) : ministre de la Justice et des libertés Lahcen Daoudi (PJD) : ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres Aziz Rabbah (PJD) : ministre de l'Equipement et du transport Bassima Hakkaoui (PJD) : ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social Mustapha El Khalfi (PJD) : ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Abdelkader Aâmara (PJD) : ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies Lahbib Choubani (PJD) : ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile Idriss Azami Al Idrissi (PJD) : ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des finances chargé du budget Mohamed Najib Boulif (PJD) : ministre délégué auprès du chef dU gouvernement chargé des Affaires générales et de la gouvernance Nizar Baraka (PI) : ministre de l'Economie et des finances Mohamed El Ouafa (PI) : ministre de l'Education nationale Fouad Douiri (PI) : ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement Adessamad Qaiouh (PI) : ministre de l'Artisanat Abdellatif Maâzouz (PI) : ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Marocains résidents à l'étranger Youssef Amrani (PI) : ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Nabil Benabdellah (PPS) : ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville El Hossein El Ouardi (PPS) : ministre de la Santé Abdelouahed Souhail (PPS) : ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle Mohamed Amine Sbihi (PPS) : ministre de la Culture Mohand Laenser (MP) : ministre de l'Intérieur Mohamed Ouzzine (MP) : ministre de la Jeunesse et des sports Lahcen Haddad (MP) : ministre du Tourisme Abdelâdim El Guerrouj (MP) : ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé de la fonction publique et de la modernisation de l'administration Ahmed Toufiq (technocrate) : ministre des Habous et des affaires islamiques Driss Dahak (technocrate) : secrétaire général du gouvernement Aziz Akhannouch (technocrate) : ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime Abdellatif Loudiyi (technocrate) ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'Administration de la défense nationale Charki Draiss (technocrate) : ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur