Médias ne riment pas toujours avec éducation et citoyenneté. C'est le débat qu'initient des chercheurs en pédagogie, ce jeudi 18 mars à Mohammédia. Le colloque national, organisé par l'Université Hassan II et l'Observatoire national des droits de l'enfant (ONDE) en partenariat avec l'UNICEF, veut évaluer les enjeux des nouveaux modes de communication pour les jeunes. Et si le choix s'est porté sur cette catégorie sociale précisément, c'est parce qu'il y a une raison, ou plutôt un constat : les jeunes sont les plus gros consommateurs de médias «traditionnels» et de plus en plus de médias dits nouveaux. Dans un communiqué, les organisateurs expliquent que leur initiative répond au souci de tracer les voies d'une «réflexion pluridisciplinaire» basée sur la réalité marocaine. L'intérêt sera donc porté, tout logiquement, sur les adolescents et leurs pratiques des médias. Les participants au colloque devront trouver des remèdes contre les maux qu'entraînent les outils de la technologie, dont Internet et l'audiovisuel. Leur pouvoir de manipulation est attesté, mais comment le neutraliser ou du moins le limiter reste encore à trouver. Faut-il rappeler que l'impact de certains médias sur les jeunes vulnérables les pousse vers l'irréparable. Combien de lycéens se sont transformés en «Rambo» pour perpétrer des massacres dans des établissements scolaires. L'urgence est bien là et l'objectif, pour les organisateurs, c'est d'arriver à changer la donne, en formulant des propositions concrètes permettant aux jeunes d'être plus «forts». En d'autres termes, il faudra armer ces jeunes, c'est-à-dire, développer chez eux un esprit critique face au flot d'informations et les sortir de la passivité en les impliquant dans la production des contenus des différentes formes de médias. Pour allier éducation et citoyenneté, une stratégie s'impose. Certes, le Maroc ne dispose pas de statistiques pour déterminer l'ampleur du phénomène, ce qui demeure un handicap pour des recherches minutieuses. Mais le rythme effréné qu'enregistre la technologie ne laisse plus de temps aux pouvoirs publics, aux professionnels de l'éducation et de la pédagogie. Agir, le colloque arrive à point nommé pour en donner le coup d'envoi. Impact : Les ados et Internet D'après les chercheurs, Internet est devenu un outil de mise en réseau sociale en raison du nombre croissant d'adolescents utilisant la technologie à leur disposition. Il y a une dizaine d'années, seulement un adolescent sur 10 avait accès à Internet. Les adolescents étaient par conséquent contraints de choisir entre des relations réelles et virtuelles. Les chercheurs expliquent que ce petit chevauchement a permis aux adolescents de maintenir «des relations réelles tout en explorant le cyberespace». Internet étant, aujourd'hui, accessible à la plupart des adolescents occidentaux, les chercheurs ont découvert qu'ils utilisaient la technologie pour entretenir des relations existantes plutôt que pour en créer de nouvelles.