La deuxième édition du baromètre de la transmission d'entreprise a été présentée hier à Casablanca. Les patrons de PME et d'entreprises familiales sont plus conscients de la nécessité de passer le relais pour assurer la survie de leurs entreprises. La cession à un tiers n'est plus vécue comme un échec. Passer le flambeau après avoir passé des années de sa vie à faire évoluer son entreprise n'est pas une chose évidente pour nos entrepreneurs. Pourtant, selon le dernier baromètre de la transmission des entreprises réalisé par l'Agence nationale pour la promotion de la PME (ANPME) et le cabinet comptable et audit, BDO Sarl, les patrons sont plus enclins à faire cet exercice notamment par le biais de vente à un tiers. «En effet, céder à un tiers n'est plus vécu comme un échec par l'entrepreneur qui a des fils à même de prendre la relève», souligne Zakaria Fahim, président de BDO Sarl. La transmission qui désigne donc la cession de la propriété de l'entreprise, soit le pouvoir décisionnel ou managérial, peut se faire de manière totale ou partielle non plus à travers une succession familiale ou une donation mais aussi à travers une vente directe ou via la Bourse. D'ailleurs, la cession par vente a été évoquée par 4 patrons sur 10 en 2011, contre 3 sur 10 en 2009. Ces chiffres demeurent toutefois insuffisants. L'ANPME à pied d'œuvre La conclusion phare justement du baromètre est qu'il n'existe pas encore de véritable culture de la transmission d'entreprises, celle-ci est insuffisamment appréhendée à tel point que les intervenants impliqués préfèrent transmettre leurs activités à des proches même si ces derniers ne sont pas habilités à les diriger, ce qui peut remettre en cause la pérennité de l'entreprise. Latifa Echihabi, directeur de l'ANPME a précisé que «les clés de la réussite de cet exercice se résument à la préparation de l'opération et à l'information à la fois de ses collaborateurs mais aussi de soi-même. A juste titre, l'ANPME a élaboré en partenariat avec BDO un guide de la transmission de l'entreprise. De même, un portail dédié à la transmission verra le jour à partir du premier trimestre de l'année prochaine». La directrice de l'agence a également appelé le patron des patrons, Mohamed Horani, à l'organisation de tournées régionales pour sensibiliser à l'importance de la transmission des entreprises notamment familiales. Par ailleurs, il était également question de la fiscalité et des mécanismes de financement pour promouvoir la reprise. «Le marché des sociétés transmissibles est très important», relate Echihabi, avant d'ajouter que «l'absence de facilité financière et fiscale jette de l'ombre sur cette pratique pourtant essentielle pour la pérennité des entreprises qui jouent en plus d'un rôle économique, un rôle social». En tout cas, l'ANPME de son côté est sur le point de mettre en place un fonds baptisé Moussanada-Istimrar assurant un financement à hauteur de 60% des frais des experts pour toute société qui se prépare à la transmission. Une nécessaire pérennisation De son côté, Horani a insisté sur l'importance de la valorisation de l'entreprise qui souvent se fait dans l'arbitraire et a rappelé les acquis fiscaux qui pourront profiter à la transmission. A leur tête, le patron des patrons souligne «la possibilité de re-capitaliser l'entreprise grâce à des exonérations fiscales, transformer l'entreprise de personne physique en personne morale sans incidence fiscale, alors que cette transformation était assimilée à une cessation d'activité, même si cette mesure est limitée dans le temps, d'ailleurs la CGEM est en train de travailler sur ce volet pour que cette mesure devient permanente, sans oublier la neutralité fiscale pour les opérations de fusion-scission». Le tissu économique marocain est majoritairement composé de PME, certes qui ne font pas la part du lion de la croissance économique mais jouent davantage un rôle social à travers la création de l'emploi. Leur pérennisation et leur croissance sont un devoir que l'ensemble des opérateurs veillent à assurer. Profil de l'acquéreur La préparation, contrairement à ce que l'on pourrait penser, commence par un bilan personnel et professionnel du gérant cédant. Le choix du repreneur, son profil et sa personnalité sont un élément très décisif pour assurer la pérennité de «son bébé». Les rédacteurs du baromètre recensent trois axes sur lesquels s'articulent les qualités du successeur idéal. 60% des patrons sondés pour ledit baromètre avance la créativité et l'inventivité auxquelles se joingnent les dons de visionnaires par 45% des sondés. La motivation est le second axe. Elle regroupe l'ambition (56%), la passion et le caractère fonceur (37%) sont des éléments clés de la panoplie du parfait successeur familial. Quant au troisième axe, désigné par 52% des sondés, il s'agit de la rigueur de la méthode dans le travail.