Bensalem Himmich reprend sa plume. À quelques jours des résultats électoraux, ce philosophe et écrivain, ministre de la Culture sous le gouvernement d'Abbas El Fassi, a ressenti le besoin de s'exprimer. Il se lance dans un document de 21 pages. C'est une lettre ouverte adressée au futur chef du gouvernement. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas d'un bilan sur son travail au sein du département de la Culture. À aucun moment Bensalem Himmich ne revient sur ses actions ni sur des propositions à son successeur. Cette lettre recèle une connotation très économique. Retraites, Caisse de compensation, loi de Finances, dialogue social. Tous ces sujets sont évoqués avec une grande insistance. Mais, d'abord, dans les premières lignes, il conseille au prochain chef du gouvernement de composer la majorité avec des personnes au sein de partis alliés mais également de l'extérieur de ces derniers. « Il faudrait arriver à une majorité homogène qui ne soit pas gérée avec des états d'âme », souligne-t-il. Ces personnes dont parle Himmich doivent selon lui faire preuve de compétences. « Avant la constitution du gouvernement, il faudrait demander à tes alliés de proposer des gens dont la compétence est confirmée et leur remettre des portefeuilles bien précis ». Le ministre de la Culture sortant n'hésite pas à adopter un air assez moralisateur : « Les ministres que vous allez désigner doivent être des gens de confiance avec qui ils pensent travailler, mais, attention, il ne faut pas que l'on vous impose des gens opportunistes et arrivistes » ! L'auteur de la lettre se fait également l'avocat des jeunes et des femmes. « Donnez l'occasion aux gens compétents qui sont marginalisés dans les partis », poursuit Bensalem Himmich. Vers la fin de sa lettre ouverte, Himmich n'hésite pas à louer la politique et la gestion du Premier ministre sortant. « Son bilan est globalement positif ». Aussi Himmich préconise-t-il de rompre avec une politique qu'il qualifie de « colmatage ». La Culture n'est évoquée qu'à la quinzième page et uniquement dans un paragraphe de quelques lignes. « La mentalité, qui soutient le fait que la Culture n'est pas productive et que c'est du divertissement, est malheureusement de retour. Le prochain ministre de la Culture doit changer la donne ». Dans la dernière page, après avoir longuement éludé des propositions à connotation très sociale et économique, il propose de réformer le code de la presse. Bensalem Himmich s'insurge contre « des pratiques dans le journalisme qui n'ont de cesse de les attaquer et de s'immiscer dans leur vie privée ». « Votre gouvernement a également comme mission de travailler sur le nouveau code de la presse et sur la création du Conseil national de la presse qui ont tardé à voir le jour », rappelle-t-il. Il conseille ainsi une réforme du quatrième pouvoir. Benssalem Himmich est le seul ministre sortant qui ait jugé utile de s'adresser au prochain chef de gouvernement. Cependant, avec le style de sa lettre et son contenu, les autres ministres peuvent penser qu'il empiète sur leurs prérogatives !