Le championnat professionnel n'en est qu'à sa 4e journée que le limogeage d'entraîneurs fait rage. Le Raja de Casablanca, le WAF, le Hassania d'Agadir ainsi que l'ASS en seconde division se sont séparés de leurs techniciens, boucs-émissaires idéaux à la suite de résultats négatifs. À qui le tour ? Les présidents de clubs ont, une nouvelle fois, trouvé le parfait bouc-émissaire après les mauvais résultats enregistrés par leurs clubs : l'entraîneur. Le technicien a toujours été le fusible qui saute quand rien ne va plus au sein de l'équipe. On sait que, au Maroc comme partout ailleurs, les supporters exercent une forte pression sur les dirigeants et en particulier le président quand les résultats ne suivent pas ou ne sont pas conformes aux objectifs. Autrement dit, les entraîneurs n'ont aucune possibilité de mettre en place un programme à long terme, les résultats immédiats primant sur tout le reste. Le président Abdeslam Hanat en sait quelque chose, lui qui a fait face à la grogne populaire, même bien avant que la saison ne commence. Les Verts vivent le calvaire depuis la fin de la saison dernière et pourtant, ils avaient remporté le titre mais l'enchaînement des bons résultats s'est arrêté dès la reprise internationale et le Coupe du Trône. Du coup, l'entraîneur Ilic Balacci qui avait remplacé Mhamed Fakhir, s'est retrouvé dans la tempête. Il a résisté pendant deux journées du championnat avant de céder sa place au Français Bertrand Marchand. Et pourtant, le Roumain était considéré comme le messie avant son limogeage. Tout le monde se rappelle de cet entraîneur au visage angélique qui avait fait un remarquable travail au sein de la défunte formation de l'Olympique de Casablanca avant de partir dans les pays du Golfe. Avec le Raja , il avait tout perdu dès son arrivée. Eliminations en série, en Coupe du Trône et en Ligue des champions. Bertrand Marchand n' a pas mieux débuté puisque son équipe a été tenue en échec par le Chabab-al-Hoceïma, un club qui n'a pas plus de deux ans d'existence en élite. On verra bien si le technicien français tiendra le coup. «Je suis venu pour remettre le club sur les rails et apporter une certaine confiance au groupe», avait-il assuré. Pour l'heure, cela ne semble pas le cas et le prochain match face au Husa sera déterminant dans la suite de sa carrière avec les Verts. Enorme tension Au WAF, les dirigeants parlent plus vite que la musique. En moins de trois matches, l'entraîneur Amine Benhachem a pris la porte de sortie sans trop se poser de questions. Ancien entraîneur-joueur du WAC, du Raja et du Husa, il a passé quelques temps au Canada avant de prendre en charge l'I.R. Tanger, le Chabab Houara, le Rachad Bernousi et enfin le WAF. Il est vrai que les Fassis n'ont encore remporté aucune rencontre et ont été sévèrement défaits à El Jadida 3-0, réalisant également un nul 3-3 face à la JSM. Avant la dernière rencontre contre le KAC 1-1, Benhachem a été l'objet d'une agression à Fès et a déposé une plainte. C'est dire que la tension est énorme dans la capitale spirituelle. Le marocain a été remplace illico presto par un suisse bien connu au Maroc , en l'occurrence Charles Roessli qui avait entraîné le WAC et le MAS. Le nouveau technicien est un baroudeur qui a sillonné l'Afrique, notamment en Côte d'Ivoire, en Afrique du Sud, au Qatar, en Tunisie et en Algérie. Lui aussi a fait des promesses pour redresser la barre mais déjà, ce week-end se profile un derby qui, certes passionne toute la cité spirituelle mais qui n'est pas à la portée des hommes du président Sebti. A Agadir, le Français Hubert Velud a été remercié et il y a de quoi. En effet, le HUSA n'a, non seulement, remporté aucune rencontre mais a fait naufrage 5-0 face à Al-Hocema. C'est en quelque sorte la goutte qui a fait déborder le vase. L'ancien entraîneur de Créteil et sélectionneur du Togo avait échappé de peu à la mort après le mitraillage du car de l'équipe nationale togolaise mais son adjoint est décédé. Il était venu au Maroc malgré des sollicitations en Algérie et au Bénin. Il a signé un contrat d'un an avec les dirigeants gadiris au bout du 3e match à Al-Hoceïma, il a vite fait ses valises. Il se murmure que Hassan Nadir, l'ancien international du WAC et ex professionnel au Portugal (SC Farenze) pourrait le replacer. En seconde division, c'est l'incontournable Hicham Idrissi qui a remis le tablier suite à la défaite à domicile face à la JS Kasbah Tadla. Les Slaouis occupent la dernière place au classement général et cette éviction était plus ou moins attendue. Face à ces limogeages , on serait tenté de dire «à qui le tour ?», tant l'épée de Damoclès pend continuellement au-dessus de la tête des techniciens.