La confédération patronale a organisé hier une conférence de presse placée sous le thème « Emploi : défaite interdite !». Cette rencontre a été une occasion pour débattre de l'urgence de mettre en place une réforme efficace de la question épineuse de l'emploi. La question de l'emploi ne cesse de basculer entre l'économique et le politique. Pour mettre à nu les défaillances et dysfonctionnements structurels de la politique de l'emploi et insister « fermement » sur l'urgence de sa réforme, la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et la Commission emploi et relations sociales de la CGEM, ont organisé hier au siège de la confédération patronale une conférence de presse placée sous le thème : «Emploi : défaite interdite !». La thématique et le temps choisis portent à croire que le contexte électoral y est pour beaucoup. D'ailleurs, Jamal Belahrach, président de la commission, n'a pas caché son inquiétude à ce sujet : « A la veille des élections du 25 novembre, je n'ai pas vu l'ombre d'un programme économique émanant des partis politiques », s'exclame-t-il. A ses yeux, le contexte actuel ne permet plus « de continuer à mentir ». Mais, mentir à qui ? A cette jeunesse (15-29 ans), bien sûr, qui représente selon les statistiques avancées, plus de 80% des chômeurs. Une carte électorale exploitable à merci et en même temps un gisement d'énergies délaissé. « Le monde a changé, la société a évolué mais pas notre manière de penser l'économie et encore moins l'emploi », lance Belahrach. Le président de la Commission emploi et relations sociales de la CGEM détaille un certain nombre de facteurs qui expliqueraient le maintien du statu quo jusqu'à présent. D'abord en matière de politique de l'emploi, l'Etat ne dispose d'aucune vision globale s'inscrivant sur la durée. À ce frein stratégique viennent s'ajouter la prédominance de l'informel (plus de 40 %), le manque de compétitivité des entreprises, les limites du système éducatif et de formation continue ou encore le faible rôle de « l'entreprise dans sa capacité intégrative des jeunes diplômés et dans sa politique de formation continue ». «A la veille des élections du 25 novembre, je n'ai pas vu l'ombre d'un programme économique émanant des partis politiques». Jamal Belahrach. Il semble donc que la responsabilité incombe à tout le monde. Néanmoins, il faut manier ce constat avec précaution. Belahrach pense que l'entreprise a un rôle économique et non pas social. C'est elle qui crée de la richesse et non pas l'Etat. En somme, il invite ce dernier à jouer son rôle régalien, mettant par la même occasion le doigt sur la plaie : le modèle économique adopté par notre pays qui, d'après la majorité des économistes marocains, ne permet pas de créer les 7% ou 8% de croissance annuelle, longtemps réclamée et défendue par le patronat et nécessaire pour absorber les flux incessants vers le marché du travail. Toujours est-il que le régime politique ne suit pas. Et c'est là que le bât blesse. Car toute réforme, aussi ambitieuse soit elle, requiert un bon ménage entre le politique et l'économique. Et c'est ce qui remet en question toutes les mesures préconisées par la CGEM pour lutter efficacement contre le chômage. Car celles-ci se sont principalement focalisées sur le volet économique sans pour autant aborder ou même frôler le politique. Preuve en est sa cure de revitalisation saupoudrée de formules classiques telles : « changer d'époque et entrer dans une nouvelle ère, repenser nos logiques…, penser l'emploi en terme économique et non social ». Autant dire que la confédération patronale a dressé toute une série de mesures en apportant son lot de propositions en vue de contrecarrer le fléau du chômage, qui n'est pas, pour reprendre les termes de Belahrach, une fatalité. Ainsi, il s'agit de « bâtir une vision globale pour une politique de l'emploi efficace et durable » et de « créer les conditions de la croissance des entreprises (compétitivité, accès aux marchés publics, coût du travail, règles de concurrences transparentes) ». Il est question aussi de lutter contre l'informel et d'assurer la flexurité (flexibilité plus sécurité) dans le marché du travail. Sans oublier enfin de repenser le dialogue social et et de réadapter le code du travail. - Loi sur le droit de gréve - Mise en place d'indemnité pour perte d'emploi (IPE) - Réforme des régimes de retraites - Amendements du code du travail