Le Festival international du film de femmes de Salé a débuté le 19 septembre dernier et s'est poursuivi jusqu'au 24 septembre. Les récits à la croisée de l'Europe et de l'Orient esquissent les images d'une nouvelle réalité, celle d'une quête identitaire explorée à travers le destin de femmes aux prises avec leur désir de vie. Feo Aladag, réalisateur autrichien, qui a signé L'Etrangère en 2009, récompensé par trois prix à l'issue de ce festival où 12 films étaient en compétition officielle, a également été couronné par le Grand prix, le prix du meilleur scénario et celui de la meilleur interprétation féminine à « l'unanimité pour la force de son propos et sa qualité filmique », a précisé Louise Portal, présidente du jury. Produit par l'Allemagne, il met en scène Umay (Sibel Kekilli), déjà récompensée par le prix d'interprétation féminine au FIFM 2010. On se souvient notamment de cette comédienne allemande d'origine turque, révélée au grand public dans Head on au titre initial allemand Gegen die wand de Fatih Akin. L'Etrangère met le doigt sur un phénomène d'actualité qui alimente malheureusement les colonnes de nombres de journaux : les crimes d'honneur. L'histoire douloureuse de ce long-métrage évoque le tiraillement d'une jeune mère, attachée à sa famille qu'elle est contrainte de quitter. Pour protéger Cem, son fils, de son mari violent, Umay qui vit à Istanbul, retourne à Berlin, sa ville natale. Les membres de sa famille, incapables de s'extraire des valeurs de leur communauté la rejettent ainsi que son enfant lorsqu'elle décide de ne pas retourner au domicile conjugal : acte révolutionnaire qui va lui valoir de fortes représailles. Si ce film remarquable évite l'écueil des poncifs, il met le doigt sur un phénomène d'actualité qui alimente malheureusement les colonnes de nombre de journaux : les crimes d'honneur. Une réalité qui a touché les membres du jury du 5e Festival International du Film de Femmes de Salé. Louise Portal, comédienne et chanteuse canadienne qui a illuminé cette semaine dédiée au septième art par sa personnalité particulièrement solaire, était aux côtés de six femmes, membres représentant un regard et un pays. Parmi lesquels Hala Sedky, comédienne égyptienne, Maureen Mazurek, chef monteuse et éditrice anglaise, Layla Triqui, réalisatrice marocaine, Maryam Khapour, cinéaste iranienne, Oumy Ndour, journaliste et critique de cinéma sénégalaise. Le Prix spécial du jury a été attribué à deux films ex aequo, Winter's bone (Etats-Unis), signé par la réalisatrice Debra Granik, et Corpo celeste, film italien de Alice Rohrwacher. Le Prix de la meilleure interprétation masculine a récompensé le comédien australien John Hurt, véritable monument de son art dans son pays, pour le film Lou de Belinda Chayko. Quant à la mention spéciale du jury, elle a récompensé, Six, sept, huit, opus égyptien réalisé par Mohamed Diab. La thématique récurrente des 12 films de cette programmation était en creux, l'adolescence, face à l'éveil de l'amour, de la foi, de la quête d'harmonie. Témoin, Corpo céleste, Lou, Winter's bone. Des sujets comme la prostitution ont traversé Slovenian girl (Slovénie) de Damjan Kozole et Agadir Bombay (Maroc) de Myriam Bakir. 12 films, 12 regards croisés pour dire la fureur de ce siècle et le furieux besoin d'amour du monde.