Alerte au «MTP KIT», un dangereux médicament pour l'interruption volontaire de grossesse (IVG), non autorisé mais vendu sur Internet. Une affaire qui inquiète les professionnels, sachant que l'IVG reste un acte illégal. Le phénomène prend de l'ampleur et inquiète les professionnels de la santé. Il s'agit des médicaments non autorisés vendus sur Internet, tout particulièrement le «MTP Kit». Ce produit est un médicament largement utilisé par les femmes qui veulent réaliser une IVG (interruption volontaire de grossesse) à domicile. Il est vendu notamment sur le site eurodrugstore.eu. Compte tenu du danger auquel il expose les femmes qui veulent mettre fin à une grossesse non désirée, ce médicament a fait dernièrement l'objet d'une mise en garde de la part de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Dans un communiqué des mise en garde mis en ligne le 19 septembre dernier sur son site, www.afssaps.fr, l'instance qualifie ce produit de médicament « illicite qui ne dispose d'aucune autorisation de mise sur le marché ». Les modalités d'emploi, notamment le mode d'administration du produit, exposent la femme qui l'utiliserait à un réel danger allant de l échec de l'avortement de l' hémorragie jusqu'à l'infection grave,selon L'Afssaps. L'autorité sanitaire française souligne en outre que les « contrôles réalisés par ses laboratoires ont montré que sa composition est inadaptée ». Le produit a déjà fait des victimes dans divers pays, y compris au Maroc. Chafik Chraïbi, président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin, confirme que « les médicaments vendus sur Internet constitue un réel danger ». Et de renchérir : « Les femmes font des tentatives d'avortement à domicile en utilisant ces médicaments. Or des complications se produisent. Elles sont transportées à l'hôpital dans un état grave. Chaque jour, on enregistre au Maroc des cas similaires. C'est la raison pour laquelle nous bataillons pour légaliser l'avortement dans certaines situations. Le but étant de le faire dans les règles de l'art et ainsi de préserver la santé et la vie de la femme ». Le produit incriminé est une combinaison de deux molécules, à savoir : la Mifepristone, à administrer par voie orale, et le Misoprostol, par voie vaginale. Ce kit n'est certes pas autorisé au Maroc ; néanmoins, l'une de ces composantes est utilisée dans les hôpitaux, et ce, depuis deux ans. Au Maroc, le Misoprostol est connu sous le nom de Cytotec. « Le ministère de la Santé a autorisé depuis plus d'un an l'utilisation du Cytotec pour d'autres indications. Il est strictement utilisé dans les hôpitaux pour la prévention et le traitement de l'hémorragie de la délivrance», souligne ce professionnel. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'hémorragie de la délivrance, dite aussi hémorragie du postpartum, est une hémorragie d'origine utérine qui survient dans les 24 heures suivant l'accouchement. Cette perte sanguine est supérieure à 500 ml. C'est une complication redoutable de l'accouchement qui constitue la première cause de mortalité maternelle au Maroc. L'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin mène activement depuis plusieurs années une bataille sans merci pour la légalisation de l'avortement dans des cas bien précis, comme le viol, l'inceste, les malformations fœtales ou encore des pathologies psychiatriques. Une autre ONG, l'Association marocaine de planification familiale (AMPF), en a également fait de la légalisation de l'IVG son cheval de bataille mais peine à trouver une oreille attentive. Les initiatives des deux associations se heurtent à une forte opposition. La question de la légalisation a été soulevé lors de la rencontre-débat, organisé vendredi dernier par l'Association marocaine des femmes chefs d'entreprises du Maroc (Afem). Lors de son intervention, Nadia Bernoussi, professeur de droit constitutionnel à la faculté de droit de Rabat et à l'Ecole nationale d'administration, membre de la Commission consultative de révision de la Constitution, a résumé et analysé la problématique de la façon suivante : « La priorité a été donnée au droit à la vie. C'est pourquoi la question de la légalisation de l'avortement n'a pas été prise en compte dans la nouvelle Constitution ».