La Turquie semble vouloir se faire de nouveaux amis après avoir tourné le dos à Israël, son allié. La Turquie veut réaffirmer son leadership dans le monde arabe. Alors qu'il se montrait ces derniers temps plus préoccupé par ses problèmes internes et son adhésion à l'Union européenne que par les bouleversements en cours dans le monde arabe, le pays veut désormais ressouder ses liens avec ses voisins du sud de la Méditerranée. Le Premier ministre, Recep Tayip Erdogan, a entrepris depuis lundi, une visite dans la région destinée à réaffirmer le soutien de son pays aux peuples des pays secoués par le printemps arabe. Il est aujourd'hui en Tunisie après avoir passé deux jours en Egypte où il jouit d'une popularité sans précédent. Et la rupture des relations commerciales et militaires avec Israël, décidée par le chef du gouvernement turc, il y a quelques jours, n'a fait que renforcer sa cote de popularité, notamment auprès des jeunes. Il est désormais vu par la rue arabe comme le seul leader du monde musulman qui puisse hausser le ton contre l'Etat hébreu : «Israël est devenu un enfant gâté. Non seulement, il pratique un terrorisme d'Etat contre les Palestiniens, mais il a commencé à agir de manière irresponsable. Israël ne veut pas reconnaître ses erreurs ou que le monde autour de lui a changé», a déclaré Recep.Erdogan dans une interview accordée au journal égyptien Al-Shourouk. Ankara a également expulsé l'ambassadeur israélien au début du mois. Les relations entre les deux pays sont donc au plus mal et la Turquie semble vouloir se faire de nouveaux amis. Hier, Tayip Erdogan était en visite au siège de la Ligue arabe au Caire dans le cadre d'une rencontre ministérielle où il a prononcé un discours devant les 22 membres de l'organisation. Cette visite qui intervient à quelques jours de l'ouverture de la session de l'Assemblée générale de l'ONU, vise aussi à plaider en faveur de l'initiative palestinienne d'adhésion aux Nations Unies et qui sera présentée par Mahmoud Abbas aux 193 membres de l'institution. Recep Tayip Erdogan se pose donc comme le fervent défenseur de la cause palestinienne dans la région. A travers cette visite officielle de quatre jours, la Turquie entend aussi adapter sa diplomatie aux changements politiques et économiques que le mouvement des révolutions arabes a lancé au Maghreb et au Moyen-Orient. Enfin, il se rendra jeudi en Libye où il rencontrera les nouvelles autorités pour évoquer les défis qui s'imposent à la jeune démocratie naissante.