Dressant un bilan mitigé de l'évolution du secteur, Youssef Ben Mansour, président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers revient sur les dysfonctionnements qui grèvent encore le secteur. Pour lui, l'Etat doit prendre ses responsabilités. Et c'est urgent. Cherté du foncier, bureaucratie, mauvaise gestion de l'urbanisme, des possibilités d'épargne limitées chez les ménages, renchérissement du coût de la vie, effets de la crise internationale… Des difficultés persistent encore dans l'un des secteurs les plus névralgiques de l'économie marocaine. Puisque quand l'immobilier va, tout va, l'Etat est invité, selon Youssef Ben Mansour, président FNPI (Fédération nationale des promoteurs immobiliers), à revoir sa copie et encourager la production dans des segments autres que le logement social. Le point de vue d'un professionnel. Comment s'est comporté le marché de l'immobilier cette année ? Le marché a été un peu difficile en 2011, mais grâce au logement social, le secteur prendra des couleurs. Pour leur part, les ventes des logements moyen et haut standings n'ont pas été au rendez-vous. Par ailleurs, à cause de la crise internationale et du mois de ramadan qui a coïncidé avec l'été, je peux dire que jusqu'à maintenant, la saison estivale n'a pas été bonne. Où se situeraient les difficultés que rencontre le secteur ? Les difficultés qui ont affecté le secteur sont étroitement liées à la production et non pas à la demande. D'ailleurs cette dernière va crescendo mais plusieurs incompatibilités et problématiques existent encore sur le marché marocain. Par exemple, pour le moyen et le haut standings, les prix affichés sont excessifs, eu égard au pouvoir d'achat des classes moyennes. Ce problème date de plusieurs années, surtout en 2010 où l'effet d'attentisme a prédominé. Pourquoi en est-on arrivé à cette situation ? Effectivement, il y a une grande inadéquation entre l'offre et la demande au Maroc. Une situation qu'on ne retrouve que dans les grandes villes du royaume. Si on en est arrivé là, c'est principalement à cause du foncier qui a battu des records. Cette flambée se répercute directement sur le prix de vente. Et c'est le futur acquéreur qui en paye les frais. De son côté, le promoteur subit l'effet psychologique de l'attentisme des acquéreurs potentiels qui souhaitent une baisse des prix. C'est pour cela qu'on peut se retrouver face à une appartement de 100 m2 à 1,3 millions dirhams. Ce qui est hors de prix pour une famille modeste ou de classe moyenne. Et c'est la situation actuelle du marché marocain où on peut retrouver du foncier à 8 000 DH le mètre carré, voire même plus ! Cette situation s'est aggravée à cause de plusieurs anomalies… Tout à fait, le secteur pâtit de plusieurs difficultés qui ne datent pas d'aujourd'hui. Parmi ces problèmes transversaux, il y a une mauvaise gestion de l'urbanisme, des possibilités d'épargne limitées chez les ménages, le renchérissement du coût de la vie, les effets de la crise internationale et la liste est longue. Que doit faire l'Etat dans ce cas-là ? Partant de ce constat, il me semble urgent que l'Etat prenne le taureau par les cornes et trouve des solutions concrètes. Il faut réformer la gestion de l'urbanisme, revoir le problème du foncier et opérer des réformes profondes par rapport à la gestion administrative. Vous savez, il y a des promoteurs dont les projets sont bloqués pour de simples problèmes de permis de construire. C'est aberrant ! Il faut produire davantage pour régler le déficit du logement au Maroc. Et cette production optimale ne pourra s'effectuer sans une amélioration des normes actuelles, avec une réforme fiscale générale. La question qui taraude l'esprit de plusieurs acquéreurs potentiels est relative au timing de l'achat. Est-ce le bon moment d'investir dans l'immobilier ? Je crois que c'est le bon moment d'acheter. L'attentisme n'est pas la bonne stratégie à adopter. Des opportunités d'achat peuvent être meilleures en dehors de l'axe Casablanca-Rabat où il y a eu des corrections à la baisse des prix du mètre carré pour le moyen et le haut standings. A Casablanca, il y a eu aussi des corrections qui ont été minimes mais je ne pense pas qu'il y aurait un chamboulement au niveau des prix. En marge de ce que vous avez relevé en termes de difficultés, êtes-vous quand même optimiste pour cette fin d'année ? Je le suis. Vous savez, le secteur a été tiré vers le haut grâce principalement au logement social. Un programme qui va durer encore et qui donnera une bouffée d'oxygène aux promoteurs. Toutefois, le secteur ne doit pas rester tributaire d'un seul segment. Le moyen et le haut standings doivent être à la portée des acquéreurs désireux d'avoir un logement intermédiaire ou luxueux. Chose qui n'est pas facile à l'état actuel. Il faut que l'Etat réforme en profondeur le secteur pour le bien du citoyen et du promoteur. Autrement dit, nous attendons toujours une vraie réforme.