L'Observatoire marocain des prisons vient d'adresser une lettre à plusieurs responsables au sujet des prisonniers marocains en Libye. Il les appelle à assumer leur responsabilité et de réclamer leur transfert au pays. C'est une sonnette d'alarme que tire l'Observatoire marocain des prisons (OMP). Se disant très inquiet du sort réservé aux prisonniers marocains en Libye, l'OMP a adressé, le 30 août, une lettre à différents responsables directement concernés par la question des Marocains résidant à l'étranger. « Depuis plusieurs années déjà, de nombreux Marocains résidant en Libye sont détenus dans des pénitenciers dans des conditions inhumaines, en violation totale des règles établies par les Nations Unies. En ce moment où la Libye traverse un état d'exception et en l'absence totale de structures et de lois, le sort des prisonniers marocains doit amener les autorités marocaines à intervenir de toute urgence », estime l'OMP dans sa lettre, rappelant que Mouammar Kadhafi a utilisé des prisonniers comme boucliers humains pour se protéger ainsi que son entourage. « C'est une situation d'extrême gravité, face à laquelle l'OMP est en droit d'interpeller les responsables pour connaître ce qui est advenu des Marocains détenus et tenir informées leurs familles. Qu'ils soient résidents légaux ou clandestins, le Maroc est responsable de leur sort », martèle le vice-président de l'OMP, Me Abderrahim Jamai. Pas encore de réaction officielle. L'OMP attend que ses destinataires répondent à sa lettre dans les jours qui viennent. Contactés par le Soir échos, le ministère chargé des MRE s'est voulu à la fois rassurant et réaliste : « Plusieurs Marocains, prisonniers de droit commun, sont détenus depuis des années dans les pénitenciers libyens. Nous en sommes très sensibles et c'est la raison pour laquelle les services consulaires et l'ambassade du Maroc en Libye mènent, en ce moment même, des recherches pour retrouver nos citoyens ». Le département de Mohamed Ameur ne cache pas que cette mission s'annonce difficile. « Il faut que le CNDH et le CCME organisent des réunions et, s'il s'avère nécessaire de constituer une commission chargée du dossier ». Et de rappeler, en guise de preuve de la forte détermination de son département, l'opération de rapatriement des Marocains de Libye a profité à plus de 15.000 d'entre eux. A propos des prisonniers marocains, il n'y a pas de données sur leur nombre ni sur leur situation. « En ce moment de chaos, il est impossible d'obtenir des données sûres, mais la diplomatie ne ménage aucun effort pour venir en aide aux Marocains de Libye », souligne le département de M. Ameur. «Si les autorités marocaines ne font pas le nécessaire, nous ferons appel aux organismes internationaux, dont la Croix-Rouge et l'UE. Mais le Maroc aura commis, dans ce cas, une grave erreur, vis-à-vis de sa responsabilité pénale », soutient Me Jamai. Mener des investigations, retrouver la trace de chaque Marocain où qu'il soit en Libye, c'est ce que revendique haut et fort l'OMP dans sa lettre demandant également à ses destinataires de l'informer de tout élément pouvant éclairer l'opinion publique. « Nous souhaitons que le gouvernement publie un communiqué officiel signé par le chef du gouvernement pour informer les Marocains et surtout les familles touchées restées dans l'expectative depuis le déclenchement de ces événements», déclare Abderrahim Jamai. Adressée aux ministères de la Justice, des Affaires étrangères et de la Coopération et celui des MRE ainsi qu'à la Fondation Hassan II pour les MRE, au Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et au Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), cette lettre invite ses destinataires à demander des comptes au Conseil national de transition libyen (CNT) dont le Maroc a reconnu la légitimité. « Il faut que le CNDH et le CCME organisent des réunions et, s'il s'avère nécessaire, de constituer une commission chargée du dossier », suggère le vice-président de l'OMP. Ce dernier estime que le Maroc dispose aussi de la possibilité de réclamer le transfert de ces prisonniers au CNT à condition que cela se fasse dans le respect de la liberté des premiers concernés.