Le nombre de décès dans les prisons suscite des inquiétudes du côté associatif. L'Observatoire marocain des prisons (OMP) et l'Association marocaine des droits humains (AMDH) expriment leur préoccupation. Une fois de plus, nos prisons font parler d'elles. Des associations ont attiré l'attention, hier, sur le nombre croissant des décès enregistrés dans les pénitenciers. La mort de cinq détenus à Casablanca, Kénitra, Souk Larba et à Oujda, en quelques jours est à l'origine des ces inquiétudes. Dans un communiqué, l'Observatoire marocain des prisons (OMP) évoque la nécessité d'engager des enquêtes "impartiales et sérieuses" afin de déterminer les causes et les responsabilités dans ces décès. Même son de cloche du côté de l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Le bureau central de cette dernière a vivement critiqué les conditions inhumaines dans lesquelles sont forcés de vivre les détenus. L'AMDH a lancé un appel, dans un communiqué, pour le respect des droits des personnes détenues et a rejoint l'OMP dans sa demande d'ouvrir une enquête. Au moins 90 personnes ont trouvé la mort alors qu'elles purgeaient leur peine dans les prisons. Et d'après le rapport annuel de l'OMP de 2005, 124 détenus ont perdu la vie dans les prisons. L'origine du décès pour 36 d'entre eux est liée à une pathologie cardiaque, 30 autres à une pathologie pulmonaire, alors qu'une dizaine souffrait de différentes infections particulièrement digestives et cancéreuses. Le nombre de suicides enregistrés en 2005 n'est pas aussi important, selon le rapport de l'OMP qui fait état de six cas de ce genre. Les raisons des décès restent donc, en majorité, liées aux maladies chroniques, mais surtout à l'absence d'une prise en charge correcte. L'OMP a souligné dans son rapport que le budget alloué à l'achat de médicaments ne dépassait guère les 400.000 DH, tandis que celui consacré à l'acquisition de fournitures médicales était de l'ordre de 342.320 DH. En matière de contrôle, les différentes commissions provinciales n'ont effectué tout au long de 2005 que 73 visites dans les prisons. Ce qui se traduit, d'après l'OMP, par une visite annuelle par centre qui est «très insuffisant vu l'ampleur des problèmes». Il faut rappeler que le Maroc compte un total de 59 prisons qui ont accueilli 79.571 détenus en 2005. Au 31 décembre de l'année dernière, ils étaient 50.933 détenus dans les prisons, dont 1.227 femmes. L'OMP a recueilli de nombreuses plaintes sur les conditions de détention et sur l'état des lieux en matière de prise en charge. Dans son rapport 2005, il fait état notamment du cas de Mahjoub Farhani qui était détenu à Oukacha. Ce dernier, souffrant d'une maladie cardiaque aurait perdu la vie pour cause d'insuffisance en matière de traitement et du refus de son transfert à un hôpital. L'OMP a envoyé une lettre au directeur général et au ministre de la justice afin d'ouvrir une enquête à ce sujet. Ce contexte légitime l'appel de l'OMP à la nécessité d'harmoniser la législation marocaine avec les conventions internationales des droits humains surtout en ce qui concerne les conditions minimales de traitement des détenus.