La commission d'enquête parlementaire ad hoc sur l'Office de commercialisation et d'exportation (OCE) vient de publier un rapport accusant le gouvernement de ne pas lui faciliter la tâche. Un « complot » ni plus ni moins. Le président de la commission d'enquête parlementaire ad hoc sur l'Office de commercialisation et d'exportation (OCE), Abdelhakim Benchammach, dénonce avec virulence les tentatives visant à empêcher son équipe de mener à bien sa mission. Dans un rapport rendu public, lors d'une conférence de presse tenue lundi 29 août à Rabat, M. Benchammach a accusé le chef du gouvernement d'avoir essayé de lui couper l'herbe sous le pied, en adressant fin juillet dernier une correspondance au président de la Chambre des conseillers. Dans cette lettre, Abbas El Fassi informe Mohamed Cheikh Biadillah que le ministre du Commerce extérieur et le directeur général de l'OCE ont déposé une plainte auprès du procureur général du roi pour l'ouverture d'une information judiciaire sur d'éventuelles irrégularités au sein de cette entité et l'appelle, de ce fait, à répercuter les incidences juridiques qui s'imposent. «Le dépôt de cette plainte, en ce moment précis, a suscité de nombreuses questions auprès des membres de notre commission. Cette initiative est, pour nous, une erreur politique émanant d'une mauvaise foi, puisque les irrégularités de l'OCE datent de plusieurs années au cours desquelles aucune plainte n'a été déposée», souligne Benchammach. Et de légitimer donc la détermination de la commission d'enquête à poursuivre sa mission jusqu'au bout. Et en réaction à la plainte, la commission d'enquête a adressé un écrit au président de la Chambre des conseillers afin de justifier sa position. « Il n'est question que d'une simple plainte se rapportant à la gestion de l'OCE et non de l'ouverture d'une enquête judiciaire (…) et la période concernée se limite aux années 2005, 2006 et 2007. Tandis que l'enquête de notre commission s'étend depuis la création de l'OCE en 1965 jusqu'à cette année », explique le président de la commission. Etant limitée à tous les niveaux, la plainte n'empêche pas, aux yeux de Benchammach, la poursuite de l'enquête parlementaire qui fera, toutefois, abstraction de la période allant de 2005 à 2007 (objet de la plainte). Dans son rapport, la commission d'enquête fait aussi part d'autres entraves, dont la première est le refus du directeur du Centre marocain de promotion des exportations de se soumettre aux auditions, malgré l'envoi de trois convocations. La commission dit toujours attendre que ce responsable donne une suite favorable à sa dernière demande, dans les prochains jours. En attendant, l'obtention de documents ne semble pas non plus être chose aisée. « La commission n'a toujours pas reçu les documents qui ont fait l'objet de demandes adressées aux responsables concernés plus d'une fois. Nous avons envoyé, le 10 juin 2011, des demandes au président de la Cour des comptes, au ministre de l'Economie et des Finances et au ministre du Commerce extérieur (…) Mais face au retard qu'ont accusé des responsables politiques et administratifs, les demandes ont été renouvelées en guise de rappel le 24 juin », précise le rapport. « Face à ces tentatives d'obstruction de notre enquête et de dissimulation de la vérité, des dysfonctionnements dont souffre l'un des organismes publics les plus vitaux du pays, la commission d'enquête prend toutes ses responsabilités et refuse de s'allier à ce complot », s'insurge le président. Et de fustiger l'absence de volonté de coopération constatée auprès des secteurs gouvernementaux concernés, « à leur tête le chef du gouvernement ». Le rapport constate ainsi que «le gouvernement n'est pas suffisamment disposé à adhérer à ce genre d'initiatives constitutionnelles visant (…) à institutionnaliser la bonne gouvernance et à relier la responsabilité à la nécessité d'en rendre compte ».