Les alcootests et autres éthylomètres entrent en vigueur à la fin du ramadan. Seront-ils de l'efficacité attendue ? Arriveront-ils à limiter l'hécatombe que connaissent nos routes ? Le point. C'est désormais officiel. Les alcootests, soit ces outils de mesure du taux d'alcoolémie dans le sang des conducteurs, font leur entrée sur nos routes à partir du 1er septembre. Une des mesures phares, et non moins contestées, du nouveau code de la route voit ainsi le jour. La décision a été entérinée lors de la réunion, mercredi à Rabat, du comité permanent de sécurité routière. Objectif du ministère de l'Equipement et du transport : réduire le nombre d'accidents, et ils sont nombreux, dus à la conduite en état d'ébriété. Un chiffre pour le dire : 15% des accidents enregistrés sur nos routes ont pour cause cette scandaleuse habitude qu'ont nombre de nos compatriotes à prendre le volant après des soirées bien arrosées et en sortant d'un club ou un pub où l'alcool coule à flot. Contacté par Le Soir échos, Mohammed Meghraoui, directeur des Transports routiers et de la sécurité routière nous explique que son département a procédé à l'acquisition de deux type d'appareils. Il y aura donc l'alcootest pour détecter la présence d'alcool dans le sang, mais aussi l'éthylomètre, pour calculer le taux d'alcool. D'aucuns s'attendaient, histoire de calmer nos islamistes, à une tolérance zéro en la matière. Il n'en sera rien, ou presque, vu qu'un seuil de tolérance de l'ordre de 0, 20 mg par litre de sang a été adopté. « Le propre de toute loi est de dissuader, ou alors réprimer. Nous, ce qui nous intéresse, c'est de prévenir ». Le ministère avait déjà acquis quelque 30 unités de mesure en 2010. Il est prévu d'en acquérir une centaine à la fin de cette année pour arriver à 450 unités à l'horizon 2013 et qui « seront distribuées équitablement aux services de police et de gendarmerie », nous précise Meghraoui. Les alcootests, seront-ils de l'efficacité requise sur des routes où la corruption est omniprésente ? Le directeur des transports routiers et de la sécurité routière au ministère se veut rassurant. Il avance pour cela l'argument de la « double transparence » de ce moyen de contrôle. « L'éthylomètre est doté d'un logiciel intégré qui fait que le taux d'alcool évalué ne peut être modifié. Ce même éthylomètre est envoyé en pièce jointe du procès verbal aux autorités compétentes », nous explique-t-il. Ces outils de contrôle posent également la question de l'hygiène. Mohammed Meghraoui précise à ce titre que chaque appareil est doté d'un embout, celui-là même dans lequel souffle la personne testée et qui est jetable. Au-delà des considérations techniques, l'introduction des alcootests posent également un problème d'ordre politique. C'est que selon la loi marocaine, un musulman n'a pas le droit d'acheter de l'alcool, et encore moins d'en consommer. Meghraoui fait la part des choses : « Nous savons tous que le code pénal punit ce genre d'infractions. Que ce soit la consommation d'alcool, sa vente ou encore la conduite en état d'ébriété. Le propre de toute loi est de dissuader, ou alors réprimer. Nous, ce qui nous intéresse, c'est de prévenir autant que faire se peut ». Une séparation des attributions qui est pourtant loin d'être partagée, notamment par les islamistes qui y voient une autorisation de facto de la consommation d'alcool. Cela a d'ailleurs été un des principaux motifs du retard pris dans l'application de cette disposition. Le débat prend une autre ampleur sur les réseaux sociaux. Créé par l'internaute Bouraque Tarek le 8 août 2011, le groupe « Alcootest/Maroc» fourmille d'avis divergents. Autant dire que la société, à chaque fois qu'il s'agit de religion, n'arrive pas à trancher. La réunion du Comité permanent de sécurité routière a également été l'occasion d'adopter un nouveau programme de renforcement des équipements de contrôle routier. Etabli sur une durée de 3 ans, il nécessitera 428 millions de DH. Au programme, l'acquisition de 970 radars fixes et 120 outils de contrôle des franchissements des feux rouges. Le CPSR a aussi passé en revue les derniers chiffres sur les accidents de la route. De juillet 2010 à juillet de cette année, le nombre d'accidents à atteint 6 730, soit une hausse de 3% par rapport à la même période des deux précédentes années. Le nombre de personnes tuées sur les routes s'établit à 469, soit +19%. Nouveau code de la route ou pas, nos routes continuent à tuer. Aucun article en relation !