Même si les combats continuent entre les insurgés et les derniers soldats de Kadhafi, le CNT entend amorcer la transition après la chute de Tripoli. Ses responsables réclament cinq milliards de dollars pour faire face aux besoins urgents. Alors que les combats se poursuivent sur le terrain, le Conseil national de transition entend bien mettre les bouchées doubles pour mettre en œuvre les changements nécessaires concernant l'avenir de la Libye. C'est ainsi que le numéro 2 du CNT, Mahmoud Jibril, a été reçu à l'Elysée mercredi par le président français Nicolas Sarkozy. Cette rencontre a été l'occasion pour les deux hommes d'évoquer les problèmes auxquels la «Libye libre» est actuellement confrontée. Tout porte à croire que la page Kadhafi est bien tournée. «La conférence des amis de la Libye aura lieu le 1er septembre à Paris», a déclaré le chef d'Etat français. «Nous avons décidé en plein accord avec David Cameron, le Premier ministre britannique, de convoquer une grande conférence internationale pour aider la Libye libre de demain et pour montrer que nous passons à l'avenir», a-t-il insisté à l'issue de son entretien avec Mahmoud Jibril. Les Etats-Unis ont également annoncé une réunion du groupe de contact sur la Libye en fin de semaine à Istanbul en Turquie. Sur le plan diplomatique, le CNT a le vent en poupe. La Ligue arabe a reconnu jeudi la légitimité de l'organe politique des rebelles. «Nous sommes convenus que le moment est venu pour la Libye de reprendre son siège et sa place légitime au sein de la Ligue arabe. Le CNT sera le représentant légitime du peuple libyen», a déclaré Nabil Elaraby, le secrétaire général de la Ligue arabe. Les langues se sont de même déliées du côté des dirigeants africains depuis la prise de Bab al-Azizya par les rebelles. Nombre de pays subsahariens ont reconnu le CNT comme «seul représentant légitime du peuple libyen» ces deux derniers jours. Il s'agit notamment du Burkina, du Nigeria, de l'Ethiopie ou encore du Tchad où Kadhafi aurait trouvé refuge selon certains membres du CNT. Il faut souligner que cette timide reconnaissance de la part des ex-amis du colonel Mouammar Kadhafi marque la fin d'une époque entre le clan Kadhafi et l'Afrique subsaharienne. Par ailleurs, à l'issue de la réunion du Groupe de contact à Doha mercredi, les responsables du CNT ont réclamé le déblocage de cinq milliards de dollars sur les avoirs libyens gelés à l'étranger. Le CNT entend utiliser ces fonds pour résoudre les besoins humanitaires urgents et aussi pour réhabiliter les écoles et hôpitaux qui ont été bombardés. Les responsables de l'organe politique de la rébellion libyenne disent s'attendre à ce que le Conseil de sécurité des Nations Unies débloque au moins 1,5 milliard de dollars d'avoirs libyens cette semaine. Le CNT espère récupérer au total 6,5 milliards de fonds d'ici la fin du mois. Les combats se poursuivent toujours à Tripoli depuis la prise du bastion du guide libyen par les insurgés. Jeudi, des tirs à l'arme lourde se faisaient encore entendre, notamment dans le secteur de l'aéroport que les rebelles tentent de contrôler. Le CNT, ne sachant pas vraiment où se trouve Mouammar Kadhafi, a mis sa tête à prix. Les rebelles veulent offrir 1,7 million de dollars à quiconque ramènerait Kadhafi mort ou vif.