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Witold Gombrowicz, La littérature émigrée et le pays natal
Publié dans Le Soir Echos le 27 - 07 - 2011

Le titre de cette chronique est emprunté au sous-titre du livre de Jean-Pierre Salgas Gombrowicz, Un structuraliste de la rue (éditions de l'éclat, collection philosophie imaginaire, 2011). Witold Gombrowicz mourut en France, à Vence, en 1969. Il naquit en 1904 à 200 kilomètres de cette Varsovie entrevue hier dans Un sujet français (Albin-Michel, 2011) d'Ali Magoudi, ce psychanalyste de père algérien et de mère polonaise dont le nouveau livre m'a tellement impressionné que je vous l'ai présenté quatre bonnes semaines avant sa parution…
Fils d'un propriétaire terrien, Gombrowicz eut des gouvernantes françaises qui lui enseignèrent le français. On prendra immédiatement la mesure du ton sarcastique que pouvait employer l'écrivain polonais que Maurice Nadeau fit découvrir en langue française, si l'on se réfère par exemple à ce point de sa biographie qu'il dicta directement en français à Marie-Rita Labrosse, l'étudiante canadienne qui allait devenir Rita Gombrowicz (et publier deux études remarquables Gombrowicz en Argentine et Gombrowicz en Pologne) : «Il passe le baccalauréat à Saint-Stanislas Kostka avec des notes contrastées : O, la plus mauvaise note en latin, en algèbre et en trigonométrie et le maximum, 5, pour les travaux de rédaction en polonais et en français».
L'immaturité est la grande affaire de l'œuvre romanesque et, pourrait-on dire philosophique de Witold Gombrowicz. Cela ne nuit en rien au stratège exilé : «Ma souveraineté, mon indépendance, et même mon insolence joyeuse, mon je-m'en-foutisme général, ma provocation permanente, cela vient de ma situation sociale et géographique. (…) Je suis devenu audacieux car je n'avais vraiment rien à perdre». (Journal, 1958)
L'ouvrage stimulant et passionné de Jean-Pierre Salgas fourmille de citations dont la lecture interpellerait sûrement nombre d'écrivains maghrébins – qu'ils se prétendent ou non «étrangers professionnels» selon l'expression peu expressive dont se voilait Abdelkébir Khatibi : «Un Argentin authentique, écrit le romancier polonais de langue polonaise exilé à Buenos Aires, naîtra quand ils auront oublié qu'ils sont argentins – et surtout qu'ils veulent être argentins : la littérature argentine naîtra quand les écrivains auront oublié l'Argentine… l'Amérique ! Quand ils se détacheront de l'Europe et que l'Europe cessera d'être pour eux un problème, quand ils la perdront de vue ; leur essence se révélera à eux quand ils auront cessé de la chercher».
On lit avec le sentiment d'une parole vraie la «non-réponse» de Gombrowicz à une enquête concernant «La littérature émigrée et le pays natal» dont le texte inédit en français nous est donné pour la première fois Salgas :
«Je ne répondrai pas à cette enquête – je crains notamment qu'elle ait été envoyée à un trop grand nombre d' «écrivains». A mon avis, le sérieux de ces problèmes est inversement proportionnel au nombre de gens qui s'en mêlent. Un «écrivain» … oui … On peut appeler écrivains, faute de mieux, tous ceux qui «écrivent». Mais reconnaissons ensemble qu'un écrivain digne de ce nom commence là où se conquiert une authentique existence spirituelle qui assure à la parole une résonance réelle. De ces écrivains-là, nous en avons dans l'émigration, selon mes calculs approximatifs et plutôt optimistes, cinq on six».
A lire ces mots, je pense à deux grands écrivains algériens morts en France, comme y mourut Gombrowicz : Mohammed Dib et Rabah Belamri.
Mais terminons avec la réponse de l'auteur du Trans-Atlantique à qui lui demandait : «Vous considérez-vous comme un écrivain émigré ou pas ?» : «Je n'en ai aucune idée – je dois le dire – et je ne comprends pas très bien tous ces qualificatifs. Quand j'écris, je ne suis ni chinois ni polonais, je ne suis pas un écrivain, émigré ou non émigré, je suis tout simplement Gombrowicz qui s'exprime comme il peut, voyez-vous ? Je n'ai donc aucun souci de cet ordre, je ne me pose absolument pas ce genre de question».
On croirait lire Mohamed Khair-Eddine.
Trans-Atlantique était «un roman tourné vers la Pologne depuis la terre argentine» mais aussi un livre où l'on pouvait lire ceci : «J'ai engagé des lecteurs et je les paie à prix d'or car j'ai honte que tous ces livres moisissent là non lus, mais il y en a trop, les lecteurs n'arrivent pas à tout lire même en s'y appliquant à longueur de journée. Le pire c'est que les livres se mordent l'un l'autre et qu'ils finiront par s'entre dévorer comme des chiens».
Merci à Jean-Pierre Salgas de nous avoir remis en bouche et sous les yeux le monde réinventé, ausculté, dépiauté et survolté qui naissait sous la plume de Witold Gombrowicz.
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