Le principal suspect de la double attaque de vendredi est Anders Behring Breivik, un trentenaire norvégien aux idées nationalistes et islamophobe. Son profil interroge sur la menace de la montée de l'extrême-droite en Europe. Son visage fait la Une de tous les journaux européens. Entendu par la police depuis vendredi, Anders Behring Breivik a reconnu les faits, affirmant que les attaques étaient « cruelles » mais « nécessaires ». Ce Norvégien de 32 ans se serait préparé pendant 9 ans, avant de passer à l'acte vendredi avec une double attaque, causant la mort de 92 personnes. L'explosion dans la ville d'Oslo a tué sept personnes, tandis que la fusillade sur l'île d'Utoeya, qui aurait duré plus d'une heure, a fait 85 morts, provoquant ce dimanche des questions sur l'efficacité de la police norvégienne, intervenue tardivement. Si au début la piste islamiste a été évoquée comme par réflexe, l'enquête a rapidement pris la piste de cet homme décrit comme un « fondamentaliste chrétien ». Les premiers éléments d'enquête dépeignent le profil d'un homme nationaliste, hostile à l'Islam et au multiculturalisme. Entre 1999 et 2007, Anders Behring Breivik a été membre du Parti du progrès (FrP), principal mouvement d'extrême-droite norvégien. Deuxième force électorale du pays avec 23% des voix, le FrP est un parti populiste, dont le discours stigmatise les immigrés. « J'ai appris l'attaque alors que j'étais avec mes enfants norvégiens. J'ai pensé au terrorisme islamiste, j'ai cru que cela allait encore empirer l'image qu'on avait de nous en Norvège. Puis, après les premiers éléments, j'ai compris qu'il s'agissait d'un acte d'un extrémiste, peu importe qu'il soit chrétien ou musulman. Cet homme est une victime des idéologies du fascisme, véhiculées par des politiciens peu scrupuleux et de journalistes arrivistes qui prônent l'intolérance. Le discours que j'ai pu lire sur le blog de cet homme, je le retrouve ici au Maroc. C'est ce qui m'écœure le plus. J'entends les mêmes paroles dans la bouche de politiciens, de religieux et de journalistes marocains qui appellent à la haine et la colère contre ce qui est différent d'eux. Ils utilisent des idées fascistes pour gagner du pouvoir. Le Maroc est un pays où la tolérance diminue. Ce qui est dit notamment sur les femmes ou les étrangers le montre. Nous ne pouvons pas accepter cela, la société marocaine doit réagir ». Plusieurs des déclarations du suspect sur des forums Internet confirment ses convictions extrémistes, et un long document de 1 500 pages, sorte de manifeste idéologique intitulé « Déclaration d'indépendance européenne », détaille sa vision, nourrie d'allusions à la franc-maçonnerie et aux croisades. Dans ce document, il appelle à la résistance armée contre ce qu'il perçoit comme le « marxisme culturel et l'islamisation de la société en Scandinavie ». Alors qu'un tel profil du principal suspect se dessine, la Norvège, et plus largement l'Europe, s'interrogent sur le nouveau défi que pourrait représenter le terrorisme d'extrême-droite, 10 ans après les attentats d'Al-Qaida. Focalisés sur le terrorisme islamiste, les services de sécurité européens auraient-ils oublié de regarder cette menace qui grandit en leur sein? Les avis divergent. Europol reconnaît dans son rapport d'avril que même si « la menace globale venue de l'extrême-droite apparaît comme étant sur le déclin », « l'accroissement de l'immigration d'Afrique du Nord peut conduire à l'extrémisme de droite et le terrorisme peut encore gagner du terrain ». Il est indéniable que les idées d'extrême-droite ont gagné en puissance sur le Vieux continent, alimentées par un mélange d'islamophobie, de crise économique et de racisme anti-immigrés. Un constat qui se traduit selon Interpol par « une professionnalisation croissante de l'extrême droite», notamment en termes de propagandes et de présence sur les réseaux sociaux. Mais pour certains commentateurs, l'acte reste celui d'un déséquilibré, et non pas celui d'un homme agissant pour un réseau organisé. L'enquête précisera dans les prochains jours s'il y a eu des connexions internationales.