Après avoir réussi à chasser le président Moubarak, les Egyptiens ont une nouvelle fois poussé l'armée à enclencher des réformes et à remanier le gouvernement. Le premier ministre égyptien a finalement succombé à la pression de la rue. Depuis une dizaine de jours, la place Tahrir s'est remplie de manifestants qui ont à nouveau assiégé ce haut lieu de la révolution du 11 février, afin de sommer le premier ministre en place, Essam Moucharaf, d'effectuer des changements radicaux qui coupent définitivement avec l'ancien régime. Le gouvernement de transition et le CSFA (Conseil suprême des forces armées), qui dirigent le pays depuis le départ du président Hosni Moubarak, subissent de vives critiques. Les manifestants réclament une mise à l'écart et le jugement des personnalités jugées proches de l'ancien pouvoir ainsi que des policiers responsables de la répression qui a fait près de 850 morts lors de la révolution en début d'année, sans oublier une accélération des réformes démocratiques et sociales promises. Ils dénoncent également le recours aux tribunaux militaires, jugé abusif, pour le jugement des civils, entre 6 000 et 10 000 procès ayant eu lieu devant des cours militaires depuis février selon des organisations de défense des droits de l'Homme. De nombreux Egyptiens reprochent également au premier ministre en place de manquer d'autorité pour faire juger les dignitaires de l'ancien régime et les policiers responsables de la répression lors du soulèvement de janvier-février, qui a fait officiellement près de 850 morts. Samedi dernier, Essam Moucharaf a nommé deux vice-Premiers ministres dans le cadre d'un grand remaniement. Le Dr. Aly Al-Selmy a pris place au poste de vice-Premier ministre chargé des Affaires politiques. C'est un membre influent du Wafd, un parti libéral au sein de l'opposition qui agissait déjà du temps du président Moubarak. Le Dr. Hazem Al-Biblawy a pour sa part été nommé vice-Premier ministre, chargé des Affaires économiques. Il supervisera la politique économique dans le futur gouvernement remanié. Dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères, Mohammed al-Orabi, en poste depuis moins d'un mois, a annoncé samedi soir sa démission du gouvernement. Il a indiqué qu'il se retirait quatre semaines à peine après sa nomination, « pour épargner au Premier ministre tout embarras pendant les négociations sur le remaniement en cours », selon l'agence officielle Mena. Le remaniement ministériel complet devait être dévoilé hier soir. 80 % des portefeuilles doivent être renouvelés.