Six mois après sa remise en liberté, Aung San Suu Kyi tente de reprendre ses activités politiques sous le regard menaçant de la junte militaire. La prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, effectue son premier déplacement en dehors de Rangoon depuis la levée de son assignation à résidence en novembre. Ce qui était censé être une visite privée aux temples de Bagan, a attiré mardi plus d'une centaine de personnes, en un premier test de la tolérance de la junte birmane vis-à-vis des activités de l'opposante. L'icône du mouvement pro-démocratique birman a visité la cité historique avec son plus jeune fils Kim. «Je suis très heureuse. Ce sont mes premières vacances avec mon fils en vingt ans», a-t-elle confié à la presse après avoir prié dans l'un des plus célèbres temples de Bagan. Mais l'opposante et son fils ont été assaillis par une petite foule de locaux et suivis par plusieurs dizaines de policiers en civil au second jour de leur visite. Selon l'agence AP, Aung San Suu Kyi a fait savoir qu'elle se rendrait bientôt dans la campagne birmane à la rencontre de ses partisans. L'annonce a aussitôt suscité une mise en garde de la junte birmane qui a prévenu, par la voix des médias officiels, qu'elle risquait de provoquer des troubles. A Bagan, l'accueil réservé à l'opposante est resté relativement modeste, 100 à 200 partisans et quelques curieux sont venus la voir lors des diverses étapes de sa visite. Mais la région des ruines de Bagan est peu peuplée et son déplacement n'avait été que peu médiatisé, comme l'a rapporté l'agence AP. Dans le passé, Aung San Suu Kyi a souvent connu des problèmes lorsqu'elle s'aventurait hors de Rangoon, son lieu de résidence où se trouve le siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). En 2003, lors de son dernier déplacement dans les zones rurales, l'opposante avait attiré d'importantes foules, une popularité qui avait irrité le gouvernement militaire. Des soutiens de la junte avaient tendu une embuscade à son entourage dans le nord du pays, tuant plusieurs de ses partisans. Aung San Suu Kyi avait pu s'échapper mais avait été interpellée. Soupçonnée d'avoir organisé l'attaque, l'armée birmane avait nié toute implication.