Aung San Suu Kyi, opposante à la junte militaire au pouvoir en Birmanie, a retrouvé la liberté lundi après avoir été assignée à résidence durant 19 mois. Aung San Suu Kyi a pu se rendre lundi au siège de son parti pour la première fois depuis 19 mois. Quelque 300 partisans ont acclamé cette célèbre opposante, prix Nobel de la paix en 1991, lorsqu'elle est arrivée au QG de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) à Rangoon. Agée de 56 ans, elle a alors affirmé que sa libération n'était pas assortie de conditions. « Il n'y a pas de restrictions à mes mouvements, je peux aller où je veux », a-t-elle expliqué, espérant « être en mesure de remplir toutes (ses) obligations pour (son) parti et (son) pays de la meilleure manière possible ». L'opposante a toutefois indiqué qu'elle ferait preuve de modération vis-à-vis de la junte militaire avec laquelle elle menait depuis octobre 2000 des pourparlers. Les autorités birmanes avaient annoncé dimanche depuis Washington la libération de la dissidente en promettant l'ouverture d'une « nouvelle page » dans l'histoire du pays. La Birmanie est le théâtre depuis 12 ans d'une épreuve de force entre les militaires et Aung San Suu Syi, fille de Aung San, héros de la lutte pour l'indépendance du pays en 1940. L'assignation à résidence imposée à la militante était par ailleurs la seconde du genre puisque Aung San Suu Kyi avait déjà été aux arrêts chez elle pendant six ans à partir de 1989. Le dialogue n'avait été noué que fin 2000 sous l'égide des Nations Unies. Razali Ismaïl, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, avait effectué une 7ème visite en Birmanie le semaine dernière pour faciliter les discussions. « Je suis très reconnaissante pour le rôle joué par les Nations Unies et ce qui a été accompli par M. Razali. Je suis prudemment optimiste », a d'ailleurs souligné Mme San Suu Kyi. Plus de 250 prisonniers politiques ainsi que des centaines de femmes détenues ont également été libérés des prisons du pays par petits groupes. Un changement de ton de la part de la junte salué par Mary Robinson, Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, et Sergio Paulo Pinheiro, rapporteur spécial de l'ONU pour la Birmanie. La libération d'Aung San Suu Kyi est « un pas important en faveur du dialogue politique et de la réconciliation nationale », ont-ils souligné lundi.